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Les États-Unis d'Amérique

Venez découvrir l'Histoire des États-Unis d'Amérique: géographie, villes, économie, culture, gastronomie...

La bataille de Nassau

(L'attaque de New Providence, peinture V. Zveg, 1973, www.history.navy.mil, wikipedia)

(L'attaque de New Providence, peinture V. Zveg, 1973, www.history.navy.mil, wikipedia)

Durant la Révolution américaine, face au risque de voir les insurgés américains prendre possession à Williamsburg d'armes et de poudre à canon appartenant à l'armée, le gouverneur britannique de la colonie de Virginie Lord Dunmore a décidé en 1775 de transférer ces équipements sur l'île de new Providence, aux Bahamas, afin de les mettre à l'abri.

Dans le courant du mois d'août 1775, le gouverneur britannique des Bahamas Montford Browne a été alerté par le général en chef Thomas Gage, que les Patriotes pourraient tenter de s'emparer du matériel militaire entreposé sur l'île. En effet, à l'époque les rebelles américains manquaient cruellement de poudre à canon et d'armes pour soutenir leur effort de guerre et le Second Congrès Continental a décidé d'organiser une expédition militaire pour aider la jeune armée continentale, encore embryonnaire et mal équipée. 

Plaçant une flotte hétéroclite de navires marchands armés sous le commandement du capitaine Esek Hopkins, le Congrès a chargé ce dernier de lancer des raids contre les navires britanniques au large des côtes de Virginie et des Carolines : toutefois, Hopkins pourrait avoir secrètement reçu comme instruction de partir à l'attaque des Bahamas pour s'emparer des réserves de poudre adverses. Parmi les ordres officiels reçus par Hopkins figure celui de prendre la mer avec sa flotte depuis Cape Henlopen, dans le Delaware le 17 février 1776 et de rassembler la flotte au large de l'île de Great Abaco, dans les Bahamas. 

De son côté, le gouverneur britannique des Bahamas Montford Browne a été averti courant février 1776 au sujet du rassemblement des navires rebelles au large des côtes du Delaware, mais il semble qu'il n'ait pas pris de mesures défensives sérieuses pour faire face à l'éventualité d'une attaque. Disposant du Fort Nassau, situé à l'intérieur de la ville éponyme et du Fort Montagu, installé à l'Est du port de la ville pour défendre ce dernier, Browne pensait peut être avoir suffisamment de capacité de résistance : cependant, Fort Nassau était inadapté à l'emploi de ses 46 canons et le faible armement (17 canons) de Fort Montagu, ainsi que le fait que les réserves de poudre étaient surtout stockées à Fort Nassau rendaient compliquée la défense de l'île.

Le 1er mars 1776, la flotte américaine est arrivée au large de Great Abaco, où 2 petits navires loyalistes ont été capturés le 2 mars; alors que les américains ont réussi à contraindre le capitaine et l'équipage d'un des navires capturés à les guider, un autre capitaine, George Dorsett, a quitté les îles Abacos pour aller prévenir le gouverneur Browne de la présence des navires ennemis. 

A bord des navires américains étaient répartis 200 Marines (commandés par Samuel Nicholas, premier commandant de l'USMC), qui ont été transférés le 2 mars sur le Providence et les 2 petits navires capturés et l'attaque contre Nassau a été planifiée le même jour, avec l'idée que 3 navires partiraient à l'aube du 3 mars à l'assaut du port tandis que le reste de la flotte resterait au large. 

L'objectif de l'attaque à l'aube était de prendre rapidement le contrôle de Nassau avant que l'alarme ne soit donnée, mais le soleil levant a rendu visibles les 3 navires d'attaque américains, permettant au gouverneur Browne, tiré de son sommeil, d'ordonner à 4 canons du fort Nassau de tirer pour alerter les miliciens locaux (2 canons sont tombés de leur fixation lors du tir).

Cet événement a fait réagir les assaillants qui se sont rendu compte que l'effet de surprise n'était pas en leur faveur et ont annulé leur attaque, préférant se rejoindre à Hanover Sound, à 11 kilomètres à l'Est de Nassau : le commandant Hopkins a réuni son état-major pour élaborer un nouveau plan d'attaque. Le lieutenant d'Hopkins, John Paul Jones (futur grand marin de la cause indépendantiste) aurait alors proposé de débarquer les troupes à un autre emplacement, au Sud-Est de Fort Montagu, où les 200 Marines appuyés par 50 marins ont effectué le premier assaut amphibie de l'histoire de l'USMC,  ne rencontrant aucune résistance.

Le lieutenant britannique Burke a alors pris la tête d'un détachement parti de Fort Montagu pour s'informer des activités des rebelles, mais constatant son infériorité numérique il a décidé d'envoyer un drapeau blanc afin de s'informer des intentions adverses, qui lui ont appris vouloir s'emparer des réserves de poudre et de l'équipement militaire situé à Nassau. De son côté, Browne est arrivé au fort Montagu avec 80 miliciens et a été informé de la taille de la force de débarquement ennemie : il a ordonné que 3 canons du fort fassent feu pour couvrir la retraite de la plupart des miliciens vers Nassau, tandis qu'il retournait chez lui et envoyait à nouveau Burke parlementer avec les rebelles qui occupaient Fort Montagu, sous le commandement de Samuel Nicholas.

Les insurgés ont occupé le fort toute la nuit, qui a été mise à profit par le gouverneur Browne pour charger la poudre à canon à bord de 2 navires qui ont quitté Nassau avec 162 barils de poudre (sur 200 stockés sur place) à destination de St Augustine en Floride. Cette évacuation a été rendue possible par la négligence de Hopkins qui n'a pas posté de navire à l'entrée du bord pour le garder. Le lendemain matin, le 4 mars, les troupes de Marines ont occupé Nassau sans rencontrer de résistance, après que des brochures aient été distribuées à la population; les soldats ont même été rejoints par un comité qui leur a remis les clés de la ville. 

Pendant 2 semaines, Hopkins et ses troupes sont restés à Nassau, embarquant toutes les marchandises militaires qu'ils pouvaient, dont 38 barils de poudre; le gouverneur Browne a été arrêté par les rebelles et détenu à bord de l'Alfred, un petit navire. Le 17 mars, la flotte est partie en direction de Blocke Island, près de Newport (Rhode Island) avec Browne et plusieurs officiels coloniaux prisonniers.

Le 6 avril, la flotte a croisé le HMS Glasgow, frégate armée de 20 canons, qui a endommagé le brick-goélette USS Cabot, blessant notamment le capitaine John Burrough Hopkins (fils de Esek Hopkins) en tuant et blessant 11 marins; le HMS Glasgow est parvenu à s'échapper de la bataille. Finalement le 8 avril, la flotte rebelle est arrivée à New London, dans le Connecticut, et peu après avoir été félicité pour sa conduite, Hopkins a été critiqué pour n'avoir pas capturé le HMS Glasgow, tandis que l'attitude de certains capitaines a été l'objet de plaintes de membres d'équipages, conduisant à des enquêtes et cours martiales. Un procès a retiré le commandement de l'USS Providence à son capitaine et l'a confié à John Paul Jones, futur grand combattant de la guerre d'Indépendance. 

Hopkins quant à lui a été vivement critiqué pour sa façon de distribuer le butin récupéré à Nassau et pour n'avoir pas suivi les ordres du Congrès Continental qui lui demandait de patrouiller le long des côtes virginiennes; Hopkins a finalement démissionné de la marine en 1778. 

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