Venez découvrir l'Histoire des États-Unis d'Amérique: géographie, villes, économie, culture, gastronomie...
9 Février 2025
(Les 3 chutes vues du Canada, au Sheraton Fallsview Hotel, photo Saffron Blaze, 06/08/2008, wikipedia)
Mondialement renommées pour leur beauté et destination touristique très populaire, les chutes du Niagara sont une merveille naturelle séparant les États-Unis (État de New York) du Canada (Province de l'Ontario).
Constituées de 3 chutes, dont la plus grande sert de frontière entre les deux pays, ces cascades sont issues de la Niagara River et relient le lac Érié au lac Ontario, lesquels font également partie de la zone frontalière avec le Canada voisin.
Histoire
Probablement issu du mot amérindien Iroquois "ny-a-ka-ra" signifiant "tonnerre des eaux", ce site naturel grandiose aurait environ 12 000 ans ; connu des tribus locales, l'endroit n'aurait été vu par un européen pour la première fois que vers 1643, lorsque le missionnaire français Paul Ragueneau, alors au pays des Hurons, décrivait "une chute d'eau d'une effroyable hauteur". Par la suite, bien après, c'est le prêtre français Louis Hennepin, qui a été le premier à décrire les cascades durant une expédition en 1678, après avoir parcouru la région avec l'explorateur René Robert Cavelier, Sieur de La Salle, dont la renommée a contribué à faire connaître la description du prêtre, même si les détails donnés par Hennepin ont soulevé le doute sur sa découverte par la suite.
Les différents conflits en Amérique du Nord, notamment lors de l'arrivée des colons et le développpement des colonies, principalement britanniques, ont retardé l'intérêt touristique pour cette partie du continent, jusqu'à bien après la guerre d'Indépendance américaine.
C'est finalement au début du XIXème siècle, notamment après que le New York soit devenu un État de l'Union et se soit développé vers l'Ouest, approchant du Canada, que les chutes ont commencé à susciter l'attirance pour cette zone. L'arrivée du chemin de fer a facilité les déplacements des personnes, en même temps que celui des marchandises, permettant un afflux progressif de touristes à destination des chutes du Niagara, dont le frère cadet de Napoléon Bonaparte, venu avec sa jeune épouse américaine en 1804, pour leur lune de miel. Il serait à l'origine de la tradition de venir admirer les chutes en voyage de noces.
Avec l'arrivée régulière de touristes, l'industrie hôtelière s'est développée et la spéculation a commencé autour des terres situées à proximité ; par ailleurs, avec l'afflux de nombreux visiteurs, l'idée de se donner en spectacle aux chutes du Niagara a germé dans la tête de plusieurs personnes. Parmi elles on trouve Sam Patch (natif de Rhode Island), un cascadeur intrépide qui a sauté le 7 octobre 1829 depuis une plateforme haute de 25 mètres dans la rivière, au-dessus des chutes du "Fer à cheval", puis a renouvelé la prouesse le 17 octobre 1829, d'une plateforme située à 39 mètres de hauteur.
Par la suite, d'autres "illuminés" ont tenté l'expérience avec des variantes :
En dehors des cascadeurs qui captaient l'attention du public sur les chutes du Niagara, les chutes ont suscité une vive émotion le 29 mars 1848, lorsqu'elles ont cessé de couler durant 40 heures, après qu'un très important embâcle de glace ait obsturé la rivière. Peu avant, en 1846, le bateau à vapeur "Maid of the Mist" a débuté ses traversées frontalières jusqu'en 1854, mesurant 21.94 mètres de long et pouvant embarquer jusqu'à 100 passagers.
Les autorités canadiennes ont souhaité promouvoir le commerce et la bonne entente avec les États-unis en concevant un pont suspendu reliant les deux pays. En 1848, un pont suspendu temporaire a été conçu par l'architecte de Pennsylvanie Charles Ellett Jr, mais des différends financiers entre les compagnies ont conduit Ellett à abandonner son projet, repris par la suite en 1854 par l'ingénieur John Augustus Roebling (allemand naturalisé américain, qui concevra plus tard le célèbe Brooklyn Bridge). Le pont suspendu de Roebling a été inauguré le 18 mars 1855, avec lepassage d'un train de passagers sur l'édifice, malgré les craintes d'une partie de l'opinion.
Servant alors de passage frontalier, le Niagara Falls Suspension Bridge mesurait 251 mètres de long et se trouvait à environ 4 kilomètres en aval des chutes : sa partie supérieure était utilisée par les trains, tandis que sa partie inférieure était destinée aux piétons et aux chariots. Durant la guerre civile américaine (1861-1865), il a servi à aider à faire passer des esclaves en fuite au Canada.
L'exploitation de la puissance de la rivière pour la production d'énergie a commencé en 1882 côté américian, avec l'ouverture de la Niagara Falls Hydraulic Power Company, suivie par d'autres installations en 1894, 1895 et 1961.
Les gouvernements canadien et américain ont chacun créé leur parc naturel en 1885 : côté Canada, il porte le nom de Queen Victoria et a été le premier parc provincial du pays, tandis que côté États-Unis, il s'appelait Niagara Reservation (avant de devenir Niagara Falls State Park), le plus ancien parc d'État américain. Courant 1886, toutes les parties en bois du Niagara Falls Suspension Bridge ont été remplacées par de l'acier, avant qu'un nouveau projet de pont soit conçu, pour supporter l'alourdissement des trains vers les années 1890, qui étaient passés de locomotives de 21 tonnes à 150 tonnes !
L'ingénieur américain Leffert L. Buck (natif du New York) a été retenu pour concevoir le nouveau pont métallique avec structure en arche, dont les travaux ont débuté en avril 1896 et se sont achevés le 27 août 1897. Nommé Whirlpool Rapids Bridge, ce pont a été construit à 2 kilomètres en aval des cascades, et il mesure 329 mètres de long, avec 2 niveaux : le supérieur est ferroviaire et mesure 10 mètres de large, tandis que l'inférieur compte 2 voies de circulation routière et mesure 16.90 mètres de large. A son achèvement en 1897, il était le pont métallique à arche unique le plus grand au monde, avec une arche de 168 mètres environ.
L'exploitation touristique et énergétique de la rivière et de ses cascades mettait en péril la beauté des lieux et leur préservation, aussi les autorités canadiennes et américaines sont-elles parvenues à un accord le 2 janvier 1929 pour limiter les effets de l'érosion.
Par la suite, le Canada et les États-Unis ont entamé la construction d'un nouveau pont, plus proche des chutes, dont les travaux ont débuté en mai 1940 et ont vu le Rainbow Bridge ouvrir le 1er novembre 1941. Il a été nommé ainsi en raison des fréquents arcs-en-ciel visibles vers les cascades. Avec ses 440 mètres de long, dont une arche de 290 mètres, il s'élève à 62 mètres au-dessus de la rivière et compte 4 voies de circulation (interdites aux camions), accompagnant ainsi l'avènement de l'automobile.
Le 27 février 1950, le Niagara River Diversion Treaty a été conclu entre Canada et États-Unis, pour répartir le détournement des eaux à destination de l'hydroélectricité, afin de garantir un débit minimal de 2 830 000 litres/seconde suffisant pour les cascades durant la saison touristique et de 1 415 000 litres/seconde du 1er novembre au 31 mars.
Le célèbre bateau "Maid of the Mist" continue de naviguer au pied des cascades, et reprend le nom de ses 10 prédécesseurs ; lui et son jumeau sont à propulsion électrique et ont commencé leur carrière en 2020, pouvant transporter jusqu'à 600 passagers.
Les chutes du Niagara en chiffres