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3 Mars 2024
Dans le déroulement des combats de la guerre d'Indépendance américaine, alors que le Royaume de France hésitait à s'impliquer militairement aux côtés des rebelles face au Royaume-Uni, la victoire des Patriotes face aux britanniques duanr la bataille de Saratoga le 7 octobre 1777 a fini de convaincre le roi Louis XVI de soutenir plus activement les insurgés.
Alors que jusque là le Royaume de France se contentait d'envoyer discrètement des cargaisons de mousquets, de munitions et de poudre, en cherchant à éviter de s'impliquer davantage face à la très puissante Royal Navy, le Congrès continental a envoyé des émissaires en France pour négocier une aide plus importante. Parmi ces envoyés figurait le célèbre Benjamin Franklin, qui a négocié avec le Secrétaire d'État français des Affaires Étrangères Charles Gravier, comte de Vergennes : celui-ci vouait une haine aux britanniques et souhaitait venger les défaites françaises de la guerre de Sept ans en soutenant les rebelles. Il a d'ailleurs cédé à la demande de Beaumarchais pour envoyer secrètement des armes et des volontaires aux Patriotes à partir de 1777, par l'intermédiaire de la compagnie Hortealez et Compagnie, société écran créée avec l'aide espagnole.
Grâce à sa détermination, ses relations et sa haine des britanniques, Beaumarchais a noué des liens avec des représentants des insurgés dès 1775 et a milité pour que le Royaume de France s'investisse davantage dans le soutien aux rebelles. Entre 1776 et 1778, Beaumarchais a contribué à l'envoi de 40 navires, surtout à partir du Havre et officiellement à destination des Antilles, mais vogautn en réalité vers les États-Unis : à bord des soutes de ces navires sont arrivés 300 000 mousquets divers, 200 pièces d'artillerie, 100 tonnes de poudre, 3000 tentes, des dizaines de milliers de munitions et assez de vêtements, d'uniformes, de chaussures, de casquettes, de chaussettes de laine, de couteaux pour équiper 30 000 hommes.
Après l'annonce de la victoire américaine contre les britanniques à Saratoga en 1777, accompagnée de la reddition de 6200 soldats ennemis, le roi Louis XVI a décidé d'aider militairement les rebelles avec la signature d'une alliance officielle en 1778. Le 2 février 1780 est approuvé par le conseil du roi l'envoi d'une "expédition particulière" rassemblant des troupes et des navires pour soutenir l'armée continentale. Le 2 mai 1780, une escadre commandée par l'amiral François Joseph Paul de Grasse et rassemblant 7 puissants vaisseaux, 6 frégates et 36 navires de transport a appareillé de Brest, avec 5000 hommes de troupes commandés par le lieutenant-général Jean-Baptiste-Donatien de Vimeur de Rochambeau.
Le navire amiral était le "Duc de Bourgogne", armé de 80 canons, avec 2 vaisseaux à 74 canons et 4 dotés de 64 canons, plus 3 frégates à 32 canons. La flotte est arrivée le 10 juillet à Newport, dans le Rhode Island, où son apparition a vu le général William Heath de la milice du Rhode annoncer à Washington la présence française le 11 juillet. Washington dépâcha alors Gilbert du Motier de la Fayette (engagé à ses côtés depuis 1777) pour rencontrer l'amiral de Grasse et le général Rochambeau et se concerter avec eux.
A leur arrivée, une partie des membres d'équipage et des fantassins était malade : lors du débarquement des forces du 13 au 19 juillet, 400 malades ont été pris en charge à l'hôpital de Newport et 200 dans un autre à Papisquash. Une partie de l'escadre s'est perdue dans la brume et a rallié le port de Boston (Massachusetts), où 100 malades ont été soignés.
Par crainte d'une attaque britannique, les français et les miliciens ont commencé à fortifier leurs positions et Rochambeau a fait installer des pièces de gros calibre autour de la passe de Newport, où mouillait la flotte française protégée de l'arrivée des navires anglais par les défenses installées à terre. Des zones potentielles de débarquement ennemi ont aussi été fortifiées, tandis que des routes ont été construites pour éventuellement déployer les troupes dans une contre-attaque, le tout sur une durée d'environ 12 jours, bien qu'1/3 de la force française était atteinte de scorbut.
Informé de l'arrivée des français, l'amiral britannique Arbuthnot est arrivé devant Rhode Island 12 jours après les français, avec 11 vaisseaux de ligne et plusieurs frégates, mais n'a pas engagé le combat et s'est contenté de demeurer à proximité jusqu'au 26 juillet : durant cette période, Rochambeau a préféré renforcer les défenses françaises plutôt que d'écouter Lafayette, qui n'aimait pas l'inaction. Bientôt, ce dernier est parti rejoindre George Washington à Dobbs Ferry (colonie de New York) où il est arrivé le 9 août.
George Washington a écrit à Rochambeau l'informant qu'il ne pouvait le rencontrer au risque de quitter ses forces proches de New York, craignant qu'elles ne soient attaquées par les brtianniques durant son absence; en outre, le maintien des forces rebelels face à New York empêchait les britanniques d'éventuellement partir attaquer Rochambeau à Rhode Island. Grâce à sa sagesse, Rochmbeau a réussi à contenir les demandes de Lafayette et à limiter ses désaccords éventuels avec Washington.
La présence navale française à Rhode Island a contraint les britanniques à ramener des forces vers New York, mais la capture de Charleston en Caroline du Sud (5000 américains capturés) en mai 1780 a été une grande victoire britannique contre les rebelles. Courant août 1780, Washington a confié au major-général Benedict Arnold le commandement du fort stratégique de West Point (dans le New York), qui contrôlait le fleuve Hudson et était surnommé le "Gibraltar" de l'Amérique et d'une importance capitale pour les rebelles. Toutefois, Washington ignorait que Arnold (frustré par sa position dans l'armée et craignant la défaite des rebelles) communiquait en secret avec les britanniques dans le but de devenir général de brigade et d'obtenir £ 20 000 en échange de la capture du fort et de sa reddition.
Le 20 septembre, Rochambeau a pu rencontrer Washington à Hartford (Connecticut) en présence de Lafayette, où l'entrevue envisageait l'arrivée éventuelle de renforts français promis, y compris avec de nouveaux navires; l'annonce de l'arrivée de la flotte britannique à New York a vu tripler les forces ennemies dans la ville, faisant tomber toutes les espérances de reprendre la cité, d'autant plus qu'une partie des français était encore malade. Le 21 septembre, Arnold a secrètement rencontré son correspondant britannique, le major André, à Stony Point (dans le New York), mais le 23, alors qu'il était déguisé en paysan, André a été arrêté par des miliciens qui ont trouvé sur lui des documents (dont les plans de West Point) et un laissez-passer signés par Arnold, mettant en évidence sa haute trahison. Le 24, Arnold a appris 'larrestation d'André et a fuit à bord du HMS Vulture, qui attendait sur l'Hudson, alors que Washington arrivait à West Point, où 4 heures plus tard il apprit la traîtrise d'Arnold.
Pendant ce temps et malgré leur domination navale, les britanniques n'ont pas cherché à attaquer la flotte française à Rhode Island, ce qui a permis à Rochambeau de renforcer ses positions et se veiller à ses troupes durant l'hiver, alors que la disette et le manque de bois frappaient. Sur proposition de Rochambeau, les français ont réparé et reconstruit de très nombreuses maisons détruites par les britanniques à Rhode Island, en échange de la possibilité d'y loger soldats et officiers, ce qui fut accepté.
Toujours présente au large de Newport (Rhode Island), la flotte britannique empêchait Rochambeau d'appareiller pour la France en vue de demander des renforts humains et matériel, ainsi que de l'argent; le 27 octobre, 12 navires anglais vogaient en vue de Newport, mais une tempête les a disperé le 28 octobre, permettant au commandant La Pérouse de faire sortir sa frégate "L'Amazone" (avec 2 autres navires) sans que les britanniques puissent se réunir pour l'attaquer et emmenant avec lui des courriers de Rochambeau destinés au roi. Début novembre, Rochambeau a fait entrer ses forces dans leurs quartiers d'hiver dans le Connecticut voisin; le 11 janvier 1781, un envoyé du général Washington est venu informer le colonel Lauzin, alors dans le Connecticut avec ses troupes, que des miliciens du New Jersey et de Pennsylvanie se sont révoltés car leurs soldes n'étaient pas payées. La crainte de voir ces forces avancer sur Philadelphie, alors capitale des insurgés, pour réclamer leur dû était importante, de même que le risque qu'une partie rejoigne les rangs ennemis, aussi le Congrès a péniblement réussi à verser un à-compte au Pennsylvaniens, tandis que Washington a du prendre des mesures sévères pour calmer la révolte.
Le 28 janvier, le général patriote Knox est venu visiter les forces françaises à Newport, et le constat du mauvais état des forces a poussé le Congrès à envoyer en France le colonel Laurens, aide de camp de Washington, pour demander une aide supplémentaire pour les Patriotes et les français. Courant mars 1781, le Royaume de France a finalement décidé d'envoyer 1 vaisseau et 6 navires de transport, avec seulement 633 soldats et 4 compagnies d'artillerie, et arrivant en mai 1781.
Le 4 mai 1781, Benedict Arnold, passé chez l'ennemi, et entré en Virginie courant décembre 1780, a lancé une attaque destructrice avec 1600 soldats et a détruit Richmond, coupant la principale route d'approvisionnement des rebelles du Sud; à la même période de mai, le général britannique Charles Cornwallis a déplacé ses forces de Caroline du Nord vers la Virginie, pour qu'elles sy reposent et puissent reprendre des forces après avoir été harcelées très longtemps par le major-général patriote Nathanel Green et ses miliciens. Les forces britanniques, d'environ 8000 soldats, ont d'abord campé à Richmond, puis à Williasmbrug, avant de finalemetn occuper Yorktown en juillet, avec pour objectif de garder une voie maritime de communication pour les britanniques.
Informé de cette présence britannique, Lafayette a transmis l'information à Rochambeau (ils étaient alors dans le Connecticut) qui a décidé de marcher en direction de Yortown dans l'intention de l'assiéger et d'y combattre les britanniques, sans en avertir Washington qui ne l'apprendra que courant juillet, provocant sa colère et ses récriminations, mais acceptant l'idée. Habile stratège, Rochambeau a écrit à l'amiral de Grasse lui demandant de venir mouiller ses navires dans la baie de Chesapeake, afin de couper tout ravitaillement possible pour les britanniques et toute arrivée de renforts. En août 1781, Washington a été informé de la manœuvre française et a décidé de rejoindre les forces françaises avec ses miliciens et ses soldats pour aller combattre les britanniques et profiter de la présence de l'escadre française et de ses 24 navires dans la baie, plutôt que de tenter une attaque contre New York où 10 000 britanniques étaient retranchés et appuyés par la marine.
Le 5 septembre, une vaste bataille navale a eu lieu entre la Royal Navy (qui amenait des renforts de New York) et la marine française, et à l'issue de plusieurs heures de cannonades, de nombreux navires ont été endommagés et les français ont remporté la victoire, coupant tout soutien à Conrwallis dans Yorktown.
Poursuivant leur avancée dans le Sud virginien, les forces françaises et américaines rassemblaient respectivement 8000 rebelles et 7800 français (dont 6000 soldats du corps expéditionnaires) et Washington a fait positionner ses forces à Williamsburg le 28 septembre pour encercler Yorktown, où Cornwallis avait fait construire quelques fortifications extérieures et retranchait ses soldats dans la ville. Mettant à profit la présence d'ingénieurs français, Washington a fait creuser jour et nuit des tranchées autour de la ville pour piéger l'adversaire et réduire ses possibilités de contre-attaque.
A partir du 9 octobre, les forces assiégeantes étaient à portée de mousquet des britanniques et les tirs d'artillerie ont commencé avec les 14 pièces des forces américaines, qui ont bombardé sans relâche durant près d'une semaine les britanniques, puis le 14 octobre les 2 principales redoutes ennemies ont été capturées discrètement durant la nuit; peu après cette perte, un envoyé britannique porteur d'un drapeau blanc est venu le 17 octobre à portée de vue des américains, annonçant voulant engager des pourparlers de reddition. Celle-ci a eu lieu le 19 octobre, marquant la perte d'1/4 du total des forces britanniques alors impliquées dans la guerre d'Indépendance.
Cette immense victoire américano-française a finalement contrait le Royaume-Uni à s'engager dans des négociations de paix quelques mois plus tard et à une changement politique.