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12 Novembre 2021
(Marais de la baie à l'automne, North Point State Park, photo Timothy Pohlaus, 11/11/2016, www.flickr.com)
(Fisherman Island National Wildlife Refuge, VA, photo Chesapeake Bay Program, 22/10/2011, www.flickr.com)
Plus grand estuaire des États-Unis, la baie de Chesapeake se trouve sur la façade Est du pays et donne dans l'océan Atlantique, dont elle est séparée par la péninsule de Delmarva, orientée Nord-Sud et répartie entre le Delaware, le Maryland et la Virginie.
La baie de Chesapeake est bordée par Washington D.C, la Virginie et le Maryland, avec pour entrées le Cape Henry et le Cape Charles, en Virginie. Arrosée par plus de 150 cours d'eau, dont les principaux sont le fleuve Susquehanna (qui fournit la moitié de l'afflux en eau douce de la baie), le fleuve Potomac, le fleuve James River, le fleuve Rappahannock, le fleuve Patuxent, le fleuve Choptank, la Pocomoke River, ou encore la Nanticoke River, pour ne citer qu'eux.
Longue de près de 320 kilomètres, la baie mesure au moins 6.40 kilomètres de large (près d'Annapolis, Maryland) et jusqu'à 50 kilomètres dans sa plus grande largeur (à l'embouchure du Potomac), avec une profondeur moyenne de 9 mètres; les rivages de la baie s'étendent sur 18 804 kilomètres, représentant une surface de 11 601 Km², avec un bassin versant couvrant 166 534 Km².
Les eaux de la baie accueillent près de 300 espèces de poissons et crustacés, ainsi que des cormorans, des pélicans, des balbuzards pêcheurs, des mouettes rieuses, des canards noirs, des canards colverts, des canards pilets, des canards souchets, des canards branchus, des foulques d'Amérique, des huîtriers d'Amérique, des pygargues à tête blanche, des orioles de Baltimore, des chouettes effraie, des chouettes rayées, des hirondelles rustiques, des sarcelles à ailes bleues, des sarcelles d'hiver, des hérons bihoreaux, des grands hérons, des hérons verts, des garrots albéoles, des bernaches du Canada, des fuligules à dos blanc, des fuligules milouinans, des fuligules à tête rouge, des garrots à œil noir, des plongeons huards, des éperviers de Cooper, des ibis falcinelles, des grandes aigrettes, des chevaliers criards, des harles couronnés, des hareldes boréales, des cygnes tuberculés, des faucons pélerins, des harles huppés, des ours noirs, des visons d'Amérique, des castors du Canada, des lynx, des lapins à queue blanche, des écureuils gris, des pékans, des renards gris, des renards roux, des lapins des marais, des rats musqués, des porcs épics, des ragondins, des ratons laveurs, des loutres de rivière, des cerfs Sika, des cerfs de Virginie, des moufettes rayées, des opossums de Virginie, ou encore des marmottes communes.
La Chesapeake Bay est reliée au Delaware Canal (22.5 kilomètres de long) qui relie le Maryland au Delaware, et à l'Albermarle & Chesapeake Canal (long de 50 kilomètres), qui relie Virginie et Caroline du Nord.
L'accès routier à la baie s'effectue via le Chesapeake Bay Bridge, situé au Nord dans le Maryland : inauguré en 1952, le pont à poutres cantilever mesure près de 7 kilomètres de long et était à l'époque la plus longue structure continue construite au-dessus de l'eau. En 1973, en raison de l'accroissement de la circulation routière, un 2ème pont en arc et suspendu a été construit, parallèle au premier : le pont d'origine a été chois pour la circulation vers l'Est et le nouveau pour celle allant vers l'Ouest. Payant, cet ouvrage voit passer quotidiennement 61 000 véhicules en moyenne et des études sont en cours dans 4 secteurs pour construire un nouveau pont dans la baie, afin d'absorber l'augmentation du trafic.
Au Sud de la baie se trouve le Chesapeake Bay Bridge-tunnel, reliant le Northampton County (Virginie) à la péninsule de Delmarva, en partie en Virginie; l'ensemble pont-tunnel mesure au total 28.30 kilomètres de long, avec 2 ponts à 2 voies longs de 19 kilomètres, 2 tunnels à 2 voies de 1.6 kilomètre, et 4 îles artificielles. Inauguré le 15 avril 1964, le pont-tunnel devrait bientôt voir arriver un nouvel ouvrage similaire, qui devrait être inauguré en 2023. Souvent touché par des barges à la dérive, malgré une bonne signalisation, le pont a plusieurs fois été temporairement fermé pour vérifier qu'il n'avait pas subi de dégâts et ne nécessitait pas de réparations.
Réputée pour sa beauté et son abondance en crabes et huîtres, la baie tire son nom de l'Algonquin "Chesepiooc", qui signifie "village le long d'une grande rivière" ou "bonne zone de pêche"; occupée par les hommes depuis près de 11 500 ans, la zone de la baie a été très longtemps habitée par des tribus vivant dans de petits villages proches de l'eau, où les amérindiens pêchaient et cultivaient des terres (haricots, maïs, tabac, courges). Des confédérations amérindiennes sont nées à proximité de la baie, telles celles des Powhatan, des Piscataway ou encore des Nanticoke.
L'arrivée du premier européen, l'italien Giovanni di Verrazzano en 1524 (envoyé par le roi de France François 1er) à proximité de l'entrée de la baie, sans y pénétrer, a incité par la suite d'autres explorateurs à venir s'y aventurer, dont l'espagnol Lucas Vasquez de Ayllon, arrivé en 1525 avec une expédition pour explorer la baie de Chesapeake et de la Delaware.
C'est à partir de 1607, avec l'arrivée des colons anglais à Jamestown, que l'exploration de la baie a pros de l'ampleur, avec une cartographie de la région par John Smith entre 1607 et 1609 (une première carte détaillée a été publiée en 1612 d'après les relevés de Smith et son expédition); le contrôle de cette vaste baie a ensuite joué un rôle très important durant la guerre d'Indépendance américaine. Le développement des voies de navigation par les autorités locales et fédérales a été très important, pour assurer la sécurité du trafic fluvial et pour aider à le fluidifier.
Un chenal de navigation très fréquenté est confié à l'US Army Corps of Engineers, chargé d'en assurer la navigabilité, à l'aide de phares, de navires d'aide à la navigation et de bouées de signalisation. L'US Coast Guard surveille également cette vaste zone où peuvent se produire des accidents fluviaux, des naufrages ou des pollutions.
Ce dernier phénomène est celui qui a causé le plus de ravages dans la baie, voyant même l'Environmental Protection Agency (EPA) classer la qualité de l'eau très mauvaise en 2008, avec notamment d'importantes pollution à l'azote et au phosphore, avec aussi des problèmes d'hypoxie pour la faune et la flore, des problèmes de surpêche ou encore de contaminations bactériologiques ou chimiques.
L'activité humaine joue un rôle important dans ces pollutions, spécialement avec l'industrie et l'agriculture, et dans les années 1970, la baie a été une des premières zones identifiées comme zone morte, avec une forte baisse de l'oxygène présent dans l'eau entraînant la mort de milliers de poissons. Depuis le début des années 1990, une réelle prise de conscience de la nécessité de préserver l'écosystème de la région a eu lieu et des efforts fédéraux, d'État et locaux ont permis de progressivement améliorer la situation (dépollution, création de sanctuaires, sensibilisation à la pollution). La population d'huîtres a légèrement augmenté, lesquelles ont de bonnes capacités de filtrage de l'eau et d'aide à la dépollution.
Leur surpêche durant des décennies et l'apparition de maladies ont décimé leur population : à la période pré-coloniale, on estime que l'ensemble des huîtres de la baie pouvait nettoyer celle-ci en 3 jours environ, là où la population actuelle d'huîtres de la baie nécessitait 325 jours en 1988... ! Une étude de la qualité environnement de la baie datant de 2015 a permis de constater une légère amélioration depuis l'année 2012. La santé de l'écosystème est passée d'une note de 28% en 2008 à 31% en 2010 et à 32% en 2020, avec un objectif à 40% en 2025.
Les principales villes donnant sur la baie sont Washington D.C (705 749 habitants), Baltimore dans le Maryland (593 490), Virginia Beach (449 974), Norfolk (242 742), Newport News (179 225), Hampton (134 510) toutes en Virginie, et Annapolis dans le Maryland (39 223); cette importante présence humaine, accompagnée d'une augmentation démographique régulière constitue une menace pour l'écosystème de la région confrontée aux pollutions liées aux activités humaines (industrie, agriculture, eaux usées, gaz d'échappement, tourisme).
Le renforcement du pouvoir des agents de l'EPA dans la région, accompagné par un durcissement des réglementations environnementales et davantage de communication autour des enjeux de préservation et de protection de ce précieux écosystème vont probablement aider à améliorer la situation.