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16 Septembre 2021
Nous étions le mardi 11 septembre 2001 au matin à New York City, un début de matinée ensoleillé, des centaines de milliers de personnes vacants à leurs occupations dans les innombrables rues new-yorkaises, mêlant embouteillages, piétons pressés et touristes visitant la ville, principalement l'arrondissement de Manhattan, depuis toujours irrémédiablement attractif pour les visiteurs.
La vie trépidante de cette mégalopole prenait son cours habituel, jusqu'à ce que l'impensable se produise et entre tragiquement dans l'Histoire, au cours de la pire attaque terroriste jamais lancée, visant plusieurs cibles aux États-Unis, dont les tours jumelles du World Trade Center, symboles de la puissance du pays.
World Trade Center, New York City
Vol 11 American Airlines
Après avoir décollé à 7h59 de l'aéroport de Boston (Massachusetts) à destination de Los Angeles (Californie), le vol 11 d'American Airlines, sur Boeing 767, transportait 81 passagers (dont 5 terroristes) et 11 membres d'équipage.
A 8h13, la dernière communication de l'avion avec le centre FAA de Boston a eu lieu, puis à 8h14, le contact a été interrompu lorsque des terroristes ont pénétré dans le cockpit, après avoir poignardé une personne : il était 8h19 lorsque l'hôtesse de l'air Betty Ong a contacté American Airlines pour informer la compagnie du fait que le cockpit ne répondait plus et du probable détournement de l'avion et de l'attaque au couteau contre 2 de ses collègues.
Il était 8h20 lorsque les contrôleurs aériens de Boston ont entendu les voix des pirates à la radio du vol 11, et ont alors prévenu la Federal Aviation Administration que le vol avait probablement été détourné; à 8h21, le transpondeur de l'appareil a été coupé, mais il apparaissait toujours sur les écrans radars. 8h24 : une communication radio émane du cockpit de l'avion et demande aux passagers de rester calmes, tout en affirmant que les pirates ont des avions. D'autres centres de contrôle ont été alertés à 8h25 par les contrôleurs de Boston, mais le commandement de la défense aérospatiale (NORAD) n'a pas encore été alerté. Le vol 11 a fait un virage de 100 degrés vers le Sud à 8h26 mn 30 s, se dirigeant alors vers New York.
Il était 8h28 lorsque le centre de Boston a contacté l'Air Traffic Control System Command Center de Herndon (Virginie), pour l'informer que le vol 11 a probablement été détourné. Il faudra attendre 8h38 pour que le Command Center alerte le Northeast Air Defense Sector (NEADS) du NORAD, en demandant une aide militaire pour intercepter le vol : 2 chasseurs F-15 de la base de l'Air National Guard d'Otis à Falmouth (Massachusetts) ont été mis en alerte, à une distance de 246 kilomètres de Manhattan.
A 8h46, le vol 11 a percuté la façade Nord de la tour Nord du World Trade Center (WTC), entre le 93ème et le 99ème étage, à une vitesse estimée à 790 Km/h, provoquant d'importants dégâts et des incendies : cela faisait seulement 8 minute que le NORAD était informé et à 8h50, le personnel du NEADS cherchait encore le vol 11, alors qu'il avait déjà percuté la tour du WTC.
Filmé par un réalisateur français qui faisait un reportage sur les pompiers de New York, l'impact de l'avion a initialement été pris pour un accident, tandis qu'à 8h48 mn 8s, la chaîne de télévision new-yorkaise WNYW a commencé de tenter de décrire ce qu'il se passait, le présentateur confondant même la tour Nord avec la tour Sud et annonçant que cette dernière avait été victime d'une grande explosion, sans en connaître précisément l'origine. A 8h49 mn 34 s, la chaîne CNN évoque des rumeurs non confirmées selon lesquelles un avion aurait percuté la tour.
Alertés, les différents services de secours de la ville sont arrivés sur les lieux et ont tenté de s'organiser pour évacuer un maximum de personnes alors présentes dans le complexe du World Trade Center, tout en essayant de comprendre au mieux la situation. Ce n'est pas avant 8h52 que les F-15 ont décollé de la base aérienne, les pilotes demandant au NEADS où se trouvait le vol 11.
A 8h55, le chef adjoint de cabinet du président Bush Karl Rove, informe ce dernier, en visite dans une école élémentaire à Sarasota (Floride), qu'un petit avion bimoteur a percuté le WTC : la situation était encore très incertaine et manquait d'informations.
102 minutes après le crash, la tour Nord s'est effondrée, fragilisée par les incendies et l'impact de l'avion, tandis que peu avant, plusieurs personnes coincées au-dessus des flammes et de la fumée ont choisi par désespoir de se défenestrer, sous les yeux du monde entier.
Vol 175 United Airlines
Il était 8h15 lorsque le Boeing 767 d'United Airlines, vol 175, a décollé de Boston (Massachusetts) à destination de Los Angeles (Californie), avec 56 passagers, dont 5 terroristes, et 9 membres d'équipage.
Selon l'enquête de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis, le vol UA 175 aurait été détourné entre 8h42 et 8h46, après que 2 terroristes aient pénétré dans le cockpit et aient égorgé les pilotes, sans laisser le temps aux pilotes de mettre le transpondeur sur le code de situation d'urgence. A partir de 8h47, le code du transpondeur de l'avion a changé à 2 reprises, tandis que l'appareil commençait à sortir de sa route, sans que le contrôleur aérien de New York Dave Bottiglia, chargé du vol, ne s'en aperçoive, car il s'occupait déjà du vol 11.
A 8h51, l'avion a changé d'altitude et a manqué percuter le vol 2315 Delta Airlines à seulement 91 mètres d'écart; à cet instant, le contrôleur aérien s'est rendu compte que l'avion était détourné lorsqu'il a demandé au pilote d'effectuer un virage pour éviter l'autre vol et qu'au contraire, le vol 175 a accéléré dans l'intention d'entrer en collision avec le vol 2315.
Durant les 4 minutes suivantes, le contrôleur Dave Bottiglia a tenté de contacter le vol 175 à 6 reprises, tout en écartant de la trajectoire de l'avion la plupart des autres vols; cependant, 2 vols, le 542 d'US Airways et le 7 de Midwest Airlines, ont frôlé de peu le vol 175. A 8h55, Bottiglia a informé le New York Center du détournement plus que probable de l'avion; Bottiglia a informé sa supérieure de la situation et elle a essayé de contacter d'autres centres de contrôle de la région et a appris qu'ils discutaient à propos d'un vol détourné et ne voulaient pas être dérangés.
A 8h58, le Boeing 767 se trouvait à 8686 mètres au-dessus du New Jersey, tout proche de New York, où l'avion se dirigeait, tout en diminuant son altitude de 1524 mètres par minute en moyenne. A 9h01, la FAA de New York a demandé à la tour de contrôle de New York de l'aider à chercher le vol 175, temporairement retrouvé à près de 2800 mètres d'altitude. Un des membres de la FAA a contacté le centre de Herndon pour l'avertir et demander l'aide de l'armée en informant qu'il s'agissait d'un autre avion, rencontrant la même situation que le vol 11 et à 9h02, la FAA était informée du détournement.
Plusieurs appels téléphoniques d'un steward et de passagers ont eu lieu, respectivement pour avertir la compagnie que le vol était détourné et que des terroristes le pilotaient, et pour avertir leurs proches.
A 9h03 mn 2s, le vol 175 a percuté le Sud de la tour Sud du World Trade Center, entre les étages 78 et 84, disparaissant dans une énorme boule de feu, provoquant la stupéfaction et l'effroi. En cours d'évacuation depuis 1 minute, après le premier crash, la tour Sud a été filmée au moment tragique de l'impact, car les journalistes et les touristes observaient la tour Nord à ce moment là.
Simultanément à l'impact, la FAA avertissait le NEADS et le Command Center d'Herndon que le vol 175 était détourné, mais l'avertissement est arrivé bien trop tard. Arrivé à une vitesse estimée 872 Km/h, l'avion a sectionné 32 des 60 colonnes extérieures de la face Sud sur 5 étages, fragilisant la structure de la tour et provoquant des incendies.
A 9h04, le centre de contrôle de Boston a interdit tous les décollages relevant de sa juridiction, tandis qu'à 9h05, le centre de New York a fermé son espace aérien. A 9h05, Karl Rove est venu informer le président Bush, toujours en visite dans l'école de Sarasota, qu'un deuxième avion s'était écrasé sur le WTC, déclarant "Un deuxième avion a frappé l'autre tour, l'Amérique est attaquée".
Il est 9h07 lorsque les contrôleurs aériens de Boston ont demandé à leurs homologues d'Herndon d'avertir les appareils encore en l'air de renforcer la sécurité dans le cockpit, mais les messages n'ont été adressés qu'à partir de 9h19.
Dans la confusion du moment, la compagnie American Airlines a cru que le vol 77 était le second à s'être écrasé sur le WTC, car le transpondeur de l'avion était coupé, mais ce dernier était encore en vol : il était 9h09.
56 minutes après le crash, la tour Sud s'est effondrée, entraînant dans la mort des milliers de personnes qui cherchaient à fuir.
Effondrement des tours
Progressivement, les secours ont pu gravir les nombreux étages tout en orientant les personnes vers les issues de secours, rejoignant alors d'autres pompiers et secouristes dans les rues. A l'intérieur des tours, dans les étages supérieurs aux zones d'impact, de nombreux employés ont été contraints de briser les vitres pour pouvoir respirer, à cause de la fumée et des flammes occasionnés par les incendies dus au carburant des avions (qui avait incendié les meubles, et certains désespérés se sont volontairement défenestrés, plusieurs étant même filmés par des témoins stupéfaits et choqués.
A 9h58, soit 56 minutes après avoir été touchée, la tour Sud s'est effondrée , surprenant les secouristes de la ville qui connaissaient la résistance de l'édifice après y être intervenus durant un incendie et un attentat à l'explosif, en 1993.
Alors que de nombreux pompiers étaient présents dans la tour et avaient atteint le 78ème étage pour secourir les personnes et lutter contre l'incendie, la section au-dessus de l'incendie s'est inclinée vers le Sud, dans une rotation qui traduisait la perte totale de soutien de la structure interne. Après quelques instants, la structure a cédé et provoqué un énorme nuage qui a progressé le long de la tour jusqu'à son pied, entraînant l'éjection d'éléments lourds (des dizaines de tonnes) jusqu'à 120 mètres de distance, et d'autres plus légers à 400 mètres, réduisant en poussière le contenu des étages (ciment, plâtre, meubles, équipements et humains).
La tour Nord s'est effondrée à 10h28, avec des caractéristiques similaires à la tour Sud : toutefois, la partie sommitale a cédé la première, après que l'antenne qui y était érigée se soit effondrée. Au moins 300 000 tonnes de débris ont été projetés à l'extérieur de la tour durant sa chute, ce qui a miraculeusement permis la survie de 20 personnes dans les débris de surface et en sous-sol.
Durant sa chute, la tour Nord a détruit l'hôtel Marriott WTC, puis plus tard dans la journée, à 17h20, c'était au tour du 7 World Trade Center, un immeuble de 47 étages resté debout durant l'effondrement des tours, de céder. Touché par des incendies provoqués par des débris des tours jumelles, le 7 WTC a été évacué par les pompiers vers 16h, par crainte de son effondrement.
En plus des tours Nord et Sud et du 7 WTC, l'église orthodoxe grecque St Nicola a été totalement détruite, ainsi que le Marriott WTC, et de graves dommages structurels aux 4 WTC (détruit plus tard), 5 WTC (détruit en 2002) et 6 WTC; un total de 48 autres immeubles des environs a subi des dommages.
Le bilan humain de ces attaques a été de 2753 tués (plus de 90 nationalités différentes), dont 343 pompiers, 71 policiers, 147 passagers et personnels des avions et les 10 terroristes; seules 1643 victimes ont été identifiées à l'issue d'un gigantesque travail scientifique et médico-légal. A cela s'ajoutent près de 6300 blessés. Dans un colossal effort de secours (214 unités de pompiers mobilisées), les pompiers, policiers, personnels de sécurité et de courageux civils ont réussi l'exploit d'évacuer près de 87% des personnes qui se trouvaient dans les tours.
La fermeture des ponts et des tunnels du Lower Manhattan a bloqué près de 500 000 personnes, qu'il fallait cependant évacuer de la zone car les transports publics étaient fermés, ce qui a nécessité de le faire massivement par voie maritime : l'US Coast Guard a mobilisé près de 40 navires dans la baie de New York, tandis que les ferrys civils (41), les remorqueurs (49) et même des navires marchands ont participé à l'effort commun, dans une coordination qui a permis de sauver des milliers de personnes.
La Garde Nationale de l'État de New York a mobilisé 4265 soldats le jour même de l'attaque, pour assister les services de secours dans les opérations d'évacuation, de recherches et de sécurisation.
L'énorme dégagement de fumée dû à l'effondrement des tours a enseveli le Sud de Manhattan et les particules en suspension ont été à l'origine de nombreuses maladies respiratoires et de cancers dans les années qui ont suivi, entraînant plus de décès au fil des ans que les attaques initiales.
(Ground Zero, photo Chief Photographer Mate Eric J Tilford, USN, 17/09/2001, www.navy.mil, wikipedia)
Le Pentagone, Arlington (Virginie)
Vol 77 American Airlines
Il était 8h20 lorsque l'avion a décolle de Washington-Dulles (Virginie) à proximité de la capitale Washington D.C, à destination de Los Angeles (Californie). Le vol 77 a pris l'air avec 6 membres d'équipage et 58 passagers, dont 5 terroristes.
Selon l'enquête, l'appareil aurait été détourné entre 8h51 et 8h54, heure à laquelle il a commencé à dévier de sa trajectoire, puis à 8h56, son transpondeur a été coupé et le centre de contrôle d'Indianapolis (Indiana) a constaté que l'avion avait disparu de son radar et à 8h58, le centre a averti American Airlines.
En outre, le centre de contrôle a contacté ses homologues d'autres aéroports à 9h pour leur demander de chercher l'avion, sans savoir que les vols 11 et 175 avaient été détournés; lorsque American Airlines a été informé de la disparition du vol 77 à 9h05, les vols 11 et 175 s'étaient déjà écrasés à New York et la compagnie a supposé que le vol 77 était le second avion à s'être écrasé. En réaction aux 2 incidents impliquant un Boeing d'American Airlines, la compagnie a ordonné à tous ses avions de ne pas décoller.
Pensant que le vol 77 se trouvait au-dessus du Kentucky, les contrôleurs n'ont remarqué sa présence au-dessus de la Virginie-Occidentale que bien plus tard, et à 9h10, le vol 77 est entré dans la zone du centre de contrôle de Washington. Le centre d'Indianapolis n'a appris le détournement du vol 11 qu'à 9h14, le laissant douter du crash éventuel du vol 77 disparu et suspectant alors un détournement.
A 9h20, la FAA a été informée de la disparition du vol 77, puis à 9h21 elle a contacté la tour de contrôle de l'aéroport Reagan de Washington D.C, pour lui demander de chercher un appareil non identifié et à 9h25, elle a été informée du possible détournement de l'avion.
Il était 9h29 lorsque le terroriste/pilote Hani Hanjour a désactivé le pilote automatique et l'appareil se trouvait alors à 2133 mètres d'altitude; détecté à 9h32 par la tour de Reagan Airport, le vol 77 se dirigeait vers la zone protégée incluant la Maison-Blanche, le Capitole et le Pentagone, et le contrôle aérien a prévenu la présidence de l'approche de l'aéronef inconnu et de son refus de communiquer.
La tour de Reagan Airport a constaté à 9h33 que le vol changeait de direction et semblait se diriger vers l'aéroport, mais à 9h35, l'avion a de nouveau changé de direction pour s'orienter vers Washington D.C : averti de la possible menace, le Secret Service a évacué le vice-président Dick Cheney de la Maison-Blanche pour le mettre à l'abri dans le bunker souterrain de la résidence.
Les contrôleurs ont demandé à Steven O'Brien, pilote d'un avion de transport C-130 de la Garde Nationale, de le suivre et il a signalé qu'il s'agissait d'un Boeing d'American Airlines, mais n'a pu le suivre longtemps car l'intrus volait trop vite. A 9h37, le vol 77 s'est écrasé contre la façade Ouest du Pentagone, à une vitesse estimée à 850 Km/h, détruisant de nombreuses colonnes d'acier hautes de 10 mètres au niveau du rez-de-chaussée, ce qui a fortement fragilisé la zone touchée et tuant les 64 occupants de l'avion, ainsi que 125 personnes dans le Pentagone. L'impact de l'avion sur le bâtiment n'a pas été directement filmé, bien qu'une caméra de surveillance ait capté en partie le passage de l'avion frôlant le sol.
L'incendie généré par l'impact et le carburant en feu a été relativement violent, faisant tomber une partie de la façade touchée à 10h10 et à 10h50, tandis que les pompiers n'ont pas pu s'approcher avant 13 heures à cause de l'intensité de la chaleur, qui a liquéfié des vitres.
D'importants moyens de secours ont été mobilisés, tandis que les employés du Pentagone étaient évacués, dont le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, présent dans le bâtiment et qui a lui-même aidé des victimes. Comme le bureau du Secrétaire à la Défense étant dans une zone épargnée par l'incendie, il a choisi d'y retourner pour assurer la continuité du commandement à partir d'une salle de conférence et le soir même, il a annoncé publiquement que le Pentagone était fonctionnel et reprendrait dès le lendemain ses activités.
Parmi les moyens de secours employés figuraient 2 hélicoptères B412 de l'US Park Police, 1 hélicoptère B412 de l'hôpital de Fairfax (Virginie), 1 hélicoptère EC-135 de l'hôpital de Washington D.C, et près de 260 pompiers et secouristes et environ 150 policiers, sans oublier les nombreux bénévoles.
(Vue aérienne de la façade touchée, photo Tsgt Cedric H. Rudisill, USAF, 14/09/2001, www.dodmedia.osd.mil, wikipedia)
Shanksville, Pennsylvanie
Vol 93 United Airlines
Il était 8h42 lorsque le vol 93 a décollé de Newark (New Jersey), à destination de San Francisco (Californie), à peine quelques minutes avant que le vol 11 ne s'écrase contre la tour Nord du World Trade Center. L'avion embarquait 7 membres d'équipage et 37 passagers (dont 4 terroristes).
Alors que le tragique cours des événements avait vu 2 avions détournés percuter les tours jumelles du WTC, l'employé d'United Airlins Ed Bellinger a commencé à envoyer un message d'alerte aux avions : "Attention à toute intrusion dans le cockpit. Deux avions de sont écrasés contre le World Trade Center".
Reçu à 9h24 par le vol 93, le message a vu le capitaine Jason Dahl demander par message à Ed Bellinger de confirmer son alerte, il était 9h26 : à 9h28 mn 17 s, un premier message d'alerte en provenance du vol 93, venant de Homer LeRoy, à destination du contrôle aérien de Cleveland (Ohio) a dit "Mayday! Mayday ! Sortez".
Il était 9h30 lorsque Tom Burnett, passager de l'avion, a contacté sa femme par téléphone pour la prévenir du détournement : son épouse l'a alors informé de l'attaque contre le World Trade Center, tandis que son mari s'est rappelé que les terroristes avaient parlé de faire s'écraser l'avion.
Quelques secondes après, l'appareil est descendu de 200 mètres, tandis que Cleveland demandait à la radio si quelqu'un avait contacté le centre et demandait à d'autres avions du secteur s'ils avaient entendu des appels de détresse sur la fréquence, ce qui a été confirmé par les vols United Airlines 1523, American Airlines 1060 et Executive Airlines 956. Il était 9h31 mn 57 s lorsque le centre de Cleveland a reçu une autre transmission radio, envoyée par erreur par les pirates qui pensaient parler au passagers et disaient "Ici le commandant : j'aimerais que vous restiez tous assis. Nous avons une bombe à bord et nous retournons à l'aéroport car nous avons des demandes à faire. Alors s'il vous plaît, restez calmes".
Une hôtesse de l'air a tenté d'appeler United Airlines à 9h32, mais les lignes étaient saturées et il faudra attendre 9h35 pour qu'une autre hôtesse parvienne à contacter la compagnie, qui était au courant du détournement depuis peu. A 9h35, l'avion a changé de direction et commencé à se diriger vers Washington, et son transpondeur a été coupé à 9h41, bien que Cleveland ait toujours l'avion sur radar. Après avoir atteint son altitude maximale de 12 710 mètres, le vol 93 a commencé une descente rapide vers 9h39, de 1219 mètres par minute jusqu'à 9h46, où il s'est stabilisé quelques instants à 5791 mètres d'altitude, avant de poursuivre plus lentement sa descente.
Peu avant, à 9h43, l'appel du passager Todd Beamer à sa femme a été redirigé vers une opératrice à laquelle il a dit qu'un terroriste portait une bombe sur son torse et que les pilotes gisaient en sang sur le sol, morts ou mourants. Décidés à ne pas se laisser faire, des passagers ont commencé à se préparer à se révolter et à 9h50, Sandra Bradshaw a prévenu son mari par téléphone qu'elle faisait bouillir de l'eau pour la jeter aux visages des terroristes et à 9h57, menés par Todd Beamer, plusieurs passagers ont attaqué les terroristes qui ne comprenaient pas ce qu'il se passait. A 9h58 mn 57 s, le terroriste/pilote Ziad Jarrah a commencé à agiter les ailes de l'appareil pour perturber les passagers, mais sa stratégie a échoué et ces derniers ont essayé de forcer la porte du cockpit.
Jarrah a alors fait balancer l'avion d'avant en arrière à 9h59 mn 52 s, alors que l'avion avait changé de trajectoire, et les passagers ont réussi à forcer la porte; à 10h00 l'autopilote a été coupé, puis à 10h00 mn 26 s, un passager entré dans le cockpit a dit "Dans le cockpit, sinon nous allons tous mourir!". Il était 10h01 mn lorsque Jarrah a cessé ses manœuvres et a prononcé "Allahu Akbar" et a demandé à son complice s'il devait faire écraser l'avion, ce qu'il lui a confirmé.
Dans la confusion à l'intérieur du cockpit, le transpondeur a été rallumé, permettant aux contrôleurs aériens de déterminer son lieu de crash, à 10h03 mn 11 s, dans un champ près de Shanksville (Pennsylvanie) : à près de 933 Km/h, l'avion a percuté le sol à un angle de 44 degrés, laissant un impact de 3 mètres de profondeur et 12 mètres de large, ne laissant aucun survivant.
Quelques instants avant le crash, Bill Xright, qui pilotait un monomoteur Piper, a prévenu la FAA à 10h01 mn qu'il avait vu l'avion du vol 93 effectuer des balancements à une distance de 5 kilomètres de lui : la FAA lui a demandé de s'éloigner le plus vite possible et d'atterrir à l'aéroport le plus proche. A 10h04 mn 48 s, le pilote Steven O'Brien, qui avait été sollicité pour suivre le vol 77 qui s'est écrasé sur le Pentagone, a confirmé au contrôle aérien qu'il voyait de la fumée au-dessus de Shanksville, depuis son avion de transport C-130.
Le président George W. Bush
En déplacement ce jour-là dans une école élémentaire de Sarasota, en Floride (à 1600 kilomètres de New York) où il devait parler d'éducation, le président Bush s'attendait à passer une agréable journée de septembre, en présence de journalistes, quelques mois après son accession à la présidence.
A 8h55, alors qu'il allait assister à un cours en présence de jeunes élèves, le président Bush a été informé par son conseiller présidentiel Karl Rove, qu'un petit bimoteur s'tait écrasé contre le World Trade Center, soulignant déjà la confusion générale quant à la taille de l'avion et les dommages occasionnés. Vers 9h, alors qu'il assistait à une lecture faite par les enfants, George Bush était concentré et détendu, ignorant encore la suite tragique des événements.
Il était 9h05 mn lorsque le chef de cabinet de la Maison-Blanche, Andrew Card, est entré dans la salle de classe et s'est penché à l'oreille du président, pour lui annoncer qu'un autre avion s'était écrasé : "Un deuxième avion a frappé l'autre tour et l'Amérique est attaquée" a-t-il dit.
Demeuré impassible après avoir appris cette nouvelle (bien que ses yeux aient montré de la surprise), le président a quitté la salle quelques minutes après, toujours dans le calme en félicitant les enfants pour leur lecture. Il s'est ensuite immédiatement rendu dans une pièce voisine où plusieurs conseillers et gardes du corps étaient présents et regardaient la télévision qui diffusait en direct ce qu'il se passait à New York. Très rapidement, le président a pris contact par téléphone fixe avec divers interlocuteurs du gouvernement, pour tenter d'obtenir des informations et a pu visionner la rediffusion de l'impact du vol 175 à la télévision. A l'époque, rappelons le, les téléphones filaires et fax étaient les principaux systèmes de communications, les réseaux sociaux et smartphones n'existant pas encore.
A 9h29, le président a fait un discours pour informer la nation et a déclaré : "Aujourd'hui nous vivons une tragédie nationale. Deux avions se sont écrasés dans le World Trade Center s'apparentant à une attaque terroriste contre notre pays".
L'espace aérien des États-Unis a été fermé à tout appareil civil à 9h45, et tous les avions en vol (près de 4000) avaient ordre de se poser à l'aéroport le plus proche, le plus rapidement possible.
Par la suite, le président a été conduit à l'aéroport de Sarasota-Bradenton, où l'avion présidentiel a décollé à 9h54 : alors qu'il souhaitait rentrer directement à Washington D.C, le président Bush a été dissuadé de le faire, car à 9h37 un avion détourné s'est écrasé sur le Pentagone, à proximité immédiate de la capitale fédérale. Compte tenu de la gravité de la menace, la Maison-Blanche et le Capitole ont été évacués, tandis que le vice-président Dick Cheney avait été emmené peu avant à 9h35 dans le bunker souterrain de la Maison-Blanche, où il se trouvait, car la trajectoire du vol 77 faisait courir le risque qu'il vise la résidence.
Pour éviter que le président ne devienne une cible trop facile, immobile dans la Maison-Blanche, ses conseillers ont réussi à le convaincre de se rendre en une destination secrète, pour laquelle l'avion restera en l'air 40 minutes avant que le choix ne soit porté sur la base aérienne de Barksdale, en Louisiane. Dans le même laps de temps, le coordinateur national pour la sécurité Richard Clarke, a ordonné l'évacuation des membres-clés vers des sites sécurisés pour garantir la continuité du gouvernement.
Durant cette période, les communications avec Air Force One étaient compliquées par des problèmes techniques qui interrompaient certains appels, tandis que la réception télévisée était chancelante. Entre 10h et 10h30, les tours jumelles se sont effondrées, ajoutant davantage d'horreur et de stupéfaction à une situation déjà très confuse et stressante; vers 10h20, le président Bush a autorisé le vice-président Cheney d'abattre un éventuel avion si cela devenait nécessaire.
Air Force One a commencé à se diriger vers la Louisiane environ vers 10h30, pour permettre qu'entre-temps les autorités se regroupent, recoupent leurs informations et aident à établir un plan pour savoir ce qui allait être fait et quelles décisions prendre. Durant cette partie du vol, l'avion présidentiel a été escorté par des chasseurs F-16, puis Air Force One est arrivé à 12h00 à Barksdale AFB (Louisiane), pour refaire le plein. A12h15, plus aucun avion civil ne survolait les États-Unis.
Le président Bush a tenu un bref discours lors de sa courte présence sur la base aérienne de Barksdale : "Je veux assurer aux américains que toutes les ressources du gouvernement fédéral travaillent pour assister les autorités locales à sauver des vies et à aider les victimes de ces attaques. Ne faites pas erreur : les États-Unis chasseront et puniront les responsables de ces actes lâches".
A 13h04, George Bush était à bord d'Air Force One qui décollait de Barksdale AFB pour se rendre à Offut AFB (Nebraska), en vue de rejoindre un bunker sécurisé du Strategic Air Command, doté des meilleurs équipements de communication disponibles. Ce décollage s'est fait son informer la presse de la destination du président, pour des raisons de sécurité.
Arrivé à 14h50 à Offut AFB, le président a très rapidement été conduit dans un petit bâtiment carré, qui donnait accès au bunker souterrain de la base où George Bush a pu tenir une visioconférence, notamment avec les services de renseignements pour faire un état des menaces et évoquer divers suspects : George Tenet, directeur de la CIA, a alors confirmé au président que le groupe terroriste Al Qaïda pourrait être à l'origine de l'attaque. En effet, après vérification des noms des passagers des avions détournés, plusieurs suspects y ont été repérés après recoupement d'informations.
L'étape du président à Offut a duré jusqu'à ce qu'il quitte la base à 16h20, afin de retourner à la Maison-Blanche où il avait l'intention de tenir un discours devant toute la nation : arrivé à 18h54 à Washington D.C, le président s'est adressé au pays à 20h30 depuis le bureau ovale.
Extrait du discours
"Bonsoir. Aujourd'hui, nos concitoyens, notre mode de vie, notre liberté même ont été attaqués dans une série d'actes terroristes meurtriers et délibérés. Les victimes étaient dans des avions ou dans leur bureau : secrétaires, hommes et femmes d'affaires, militaires et officiers, pères et mères, amis et voisins.
Des milliers de vies ont soudainement pris fin par les actes ignobles et maléfiques de la terreur.
Les images des avions s'écrasant dans des bâtiments, des incendies, d'énormes structures s'effondrant nous ont rempli d'incrédulité, d'une tristesse terrible et d'une colère silencieuse mais inébranlable.
Ces massacres ont été planifiés pour précipiter notre nation dans le chaos et la retraite. Mais ils ont échoué. Notre pays est fort. Un grand nombre de personnes s'est mobilisé pour défendre notre grande nation.
Les attaques terroristes peuvent secouer les bases de nos plus grands bâtiments, mais elles ne peuvent pas toucher les fondements de l'Amérique. Ces actes brisent l'acier, mais ils ne peuvent pas entamer celui de la détermination américaine.
L'Amérique a été visée parce que nous sommes la lanterne de la liberté et des opportunités dans le monde. Et personne n'empêchera cette lumière de briller."
Une réaction inadaptée
Le matin du 11 septembre 2001 a mis en évidence l'inadaptation de l'outil américain de Défense et de renseignements face à la menace terroriste, particulièrement avec le manque flagrant de coopération de la CIA avec le FBI.
L'armée de l'air
Au niveau de la défense aérienne, la totalité de l'espace aérien des États-Unis était défendue par seulement 14 avions de chasse, répartis sur 5 bases dont les pilotes étaient autorisés à décoller armés en cas d'urgence. Depuis l'effondrement de l'URSS et de sa gigantesque armée, la menace aérienne contre le territoire américain était devenue inexistante aux yeux des autorités, qui ont considérablement allégé le dispositif défensif du pays, portés par un sentiment d'invulnérabilité lié à la superpuissance du pays.
Le Northeast Air Defense Sector (NEADS) du NORAD disposait ce jour là de 4 chasseurs prêts à décoller pour défendre le Nord-Est du pays : 2 à Otis ANGB (Massachusetts) et 2 à Langley AFB (Virginie). Il était 8h34 lorsque le gestionnaire du trafic aérien de Boston Dan Bueno a contacté la tour de contrôle de la base aérienne de la garde nationale d'Otis (Massachusetts), pour l'informer du détournement du vol 11 : le contrôleur de la base a demandé à Bueno d'avertir le Northeast Air Defense Sector (NEADS) du NORAD, et quelques minutes plus tard, le centre d'opérations de la base d'Otis a été prévenu qu'un appel de NEADS allait arriver.
Ce fut chose faite à 8h38 avec une demande d'aide militaire pour intercepter le vol : 2 chasseurs F-15 de la base de l'Air National Guard d'Otis à Falmouth (Massachusetts) ont été mis en alerte, à une distance de 246 kilomètres de Manhattan. A 8h41, le NEADS a placé les 2 chasseurs aux postes de combat, puis à 8h46 ils ont reçu l'ordre d'intercepter le vol 11. Après leur décollage, ils ont grimpé en altitude puis ont atteint Mach 1.4, en direction de l'aéroport Kennedy à New York, sans savoir que le vol 11 avait déjà percuté la tour Nord à 8h46, approximativement lorsque les F-15 ont décollé.
Ils étaient à 114 kilomètres de New York lorsque le vol UA 175 a percuté la tour Sud à 9h03, à l'instant même où le centre de contrôle de la FAA de New York avertissait le NORAD que le vol UA 175 était détourné. Les F-15 ont été placés à leur arrivée en mission de patrouille dans l'espace aérien de New York à 9h25. Pensant toujours que le vol 11 était encore en l'air, le NORAD a fait décoller à 9h30 des F-16 de la Garde Nationale du Dakota du Nord, détachés à Langley (Virginie) à environ 210 kilomètres au Sud de la capitale fédérale, où les chasseurs ont été dirigés. Ils étaient encore à 169 kilomètres de la ville lorsque le vol 77 a percuté le Pentagone à 9h37 et sont arrivés sur zone 12 minutes plus tard. A noter que les chasseurs qui avaient décollé d'Otis et de Langley n'avaient pas encore reçu l'autorisation d'abattre les avions, puisque le président Bush a ordonné cette mesure au vice-président à 10h20.
Un fait peu connu de cette tragique journée à été le décollage de 2 chasseurs F-16 non armés, envoyés en urgence depuis la base d'Andrews AFB (à environ 15 kilomètres de la capitale), après que les autorités aient appris que 2 autres avions avaient été détournés en plus des 2 qui s'étaient écrasés sur le WTC. Les militaires étaient inquiets par la trajectoire du vol UA 93, qui avait décollé du New Jersey et faisait route vers Washington, laissant craindre le pire, d'autant plus qu'assez rapidement les radars avaient perdu le contact avec l'appareil.
La base d'Andrews comptait moins de pilotes que d'habitude, car plusieurs d'entre eux revenaient d'exercices d'entraînement et étaient rentrés chez eux; face à l'imminence de la menace et grâce à l'autorisation donnée à 10h20 par le président Bush, le vice-président Dick Cheney a ordonné que le vol UA 93 soit abattu en vol avant d'atteindre la capitale. Problème : aucun appareil armé n'était prêt à décoller et prendre le temps d'en armer (10 à 20 minutes) un retarderait fortement les chances d'intercepter l'avion.
Après avoir décollé en urgence à 10h38 dans l'espoir d'intercepter l'avion, la jeune pilote Heather Penney, sans expérience du combat, ainsi que son instructeur, ont reçu pour mission de percuter le vol UA 93 en vol : elle devait frapper l'arrière de l'avion et l'autre pilote devait frapper l'avant, sans que les 2 ne s'éjectent afin d'être certains que la trajectoire soit bonne. Concrètement, il leur était demandé de se sacrifier pour sauver d'autres vies.
Dans un espace aérien vidé par les autorités, les 2 F-16 ont cherché l'avion intrus sans qu'aucun contrôleur ne puisse les aider, et ils ont arpenté en vain le ciel, à la recherche du vol UA 93 qui s'était entretemps écrasé dans un champ de Pennsylvanie, après que ses passagers se soient révoltés contre les pirates.
Plus tard vers 11h, le commandant du NORAD Ralph Eberhart a déclenché un plan d'urgence obligeant tous les avions civils encore en vol à se poser et donnant le contrôle total de l'espace aérien du pays à l'armée : à 12h15, plus aucun vol commercial ou privé ne survolait les États-Unis.
La réaction tardive du NORAD lors des détournements a été en partie due à une mauvaise communication entre les autorités aériennes civiles et militaires, à un manque de compréhension de la situation, à des délais de transmissions des incidents en vol trop longs (voire à leur non transmission) qui n'ont pas permis de savoir à temps quels appareils étaient détournés et où ils se trouvaient et se dirigeaient.
CIA/FBI
Peu après les attentats, l'enquête du FBI a immédiatement débuté, mobilisant près de 7000 agents spéciaux, qui sont parvenus dans les 72 heures après l'attaque, à identifier les 19 terroristes, qui n'avaient pas cherché à cacher leur identité. Il s'agissait de la plus importante et complexe investigation de toute l'histoire du FBI.
L'échec des services de renseignements dans l'anticipation de cette série d'attentats dévastateurs est en parti dû à un grave manque de coopération entre les deux principales agences de renseignements que sont la CIA et le FBI : la première est orientée vers l'extérieur du pays, avec un héritage lié à la guerre Froide qui lui a très longtemps fait ignorer le danger islamiste, quant à la seconde, elle enquête uniquement sur les menaces intérieures multiples et se penche peu sur les groupes terroristes islamistes, basés à l'étranger.
L'inertie bureaucratique de ces deux grandes agences a conduit à la perte de pistes sérieuses en raison d'un trop grand nombre de services qui ne partageaient pas leurs informations en interne, et encore moins avec d'autres agences. L'abondance d'informations collectées sans analyses ni classification a conduit à la perte d'éléments qui auraient pu permettre de mieux anticiper, voire d'empêcher les attentats. L'effondrement de l'URSS a laissé la CIA sans ennemi principal extérieur à espionner et le FBI a vu ses missions de contre-espionnage à l'intérieur du pays diminuer très fortement, tandis que la perception d'une éventuelle menace islamiste contre les États-Unis n'a pas été acceptée psychologiquement ni politiquement par les autorités, qui ne comprenaient pas qu'on puisse haïr l'Amérique.
Plusieurs signaux n'ont pas été correctement interprétés par les services de renseignements au moment de la guerre du golfe (1990-1991), avec le déploiement massif de centaines de milliers de soldats américains en Arabie Saoudite et dans la région, ainsi que le renforcement du soutien militaire et économique américain à Israël. Cette présence a renforcé l'hostilité des extrémistes qui n'acceptaient pas l'occupation des terres musulmanes par des "infidèles".
Le 26 février 1993, un attentat au camion piégé dans le parking de la tour Nord du World Trade Center a tué 6 personnes et en a blessé 1042 : revendiqué par des terroristes islamistes voulant que les États-Unis cessent tout soutien à Israël, l'attentat a été la première attaque djihadiste contre le pays.
Pour mieux comprendre la structure et les activités du groupe terroriste Al Qaïda fondé à la fin des années 1980, la CIA a créé en janvier 1996 une unité spéciale surnommée "Alec Station" qui intégrait également quelques agents du FBI et de la NSA dans un groupe pluridisciplinaire d'environ 12 personnes. Au printemps 1996, Jamal Ahmed al Fadl, anciennement lié à ben Laden et qui avait détourné $ 110 000 d'Al Qaïda s'est livré à l'ambassade américaine en Erythrée et a fourni de nombreuses informations cruciales concernant le groupe et Oussama ben Laden. Les informations obtenus n'ont pas été mises en commun entre les agences et les décideurs politiques n'ont pas reçu de synthèse de la menace, bien qu'ils savaient que ben Laden était dangereux.
Le 25 juin 1996, un attentat a eu lieu en Arabie Saoudite, visant le siège de la compagnie pétrolière nationale, qui hébergeait des soldats américains : l'attaque a tué 19 militaires de l'US Air Force et 1 saoudien, tandis que 498 personnes étaient blessées.
Courant 1997, la CIA a mis en place un projet de capture de ben Laden, réfugié en Afghanistan depuis mai 1996, mais le plan a été abandonné par peur de dommages collatéraux lors de la tentative de capture.
La même année, le FBI a intégré comme nouvelle recrue l'agent Ali Soufan, un des seuls arabophones du Bureau et l'a fait rejoindre la cellule antiterroriste, pour surveiller les réseaux djihadistes, sous l'autorité du coordinateur de la lutte antiterroriste John O'Neill, alors numéro 2 du FBI. Ce dernier dénonçait déjà le manque de partage d'informations de la CIA avec le FBI.
L'hostilité à l'encontre des États-Unis a pris de l'ampleur avec les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et Dar Es Salam (Tanzanie) le 7 août 1998, qui ont tué au total 224 personnes, dont 12 américains au Kenya. Les auteurs de ces attaques étaient liés au groupe terroriste Al Qaïda d'Oussama ben Laden, ce qui a attiré davantage l'attention des États-Unis sur ce groupe et son chef, déjà objets d'enquêtes. En représailles, le président Clinton a fait tirer 75 missiles de croisières contre des camps d'entraînement d'Al Qaïda en Afghanistan et 4 autres missiles ont été lancés contre une usine pharmaceutique au Soudan, accusée d'aider ben Laden à se procurer des armes chimiques. Cependant, la capture de ben Laden n'apparaissait toujours pas comme une priorité et la rivalité entre la CIA et le FBI a posé de sérieuses difficultés.
La traque d'Oussama ben Laden par la CIA a vu l'agence apprendre qu'une importante réunion de hauts responsables d'Al Qaïda allait avoir lieu en janvier 2000 à Kuala Lumpur (Malaisie), pour planifier le plus spectaculaire attentat de tous les temps : l'Agence était persuadée que la cible serait en Asie du Sud-Est. Connaissant plusieurs membres de l'organisation, dont certains étaient surveillés, la CIA a appris que 2 d'entre eux devaient se rendre aux États-Unis et le principal agent du FBI au sein d'Alec Station s'est vu refuser le droit de communiquer l'information à son agence, car la CIA espérait (naïvement?) pouvoir les retourner contre Al Qaïda et lui permettre d'arrêter ben Laden. Cette rétention d'informations souligne à nouveau l'animosité qui existait entre les 2 principales agences de renseignement du pays.
La montée en puissance de la menace terroriste contre les intérêts américains dans le monde a également vu Al Qaïda viser le destroyer américain USS Cole, le 12 octobre 2000, lors d'un attentat dans le port d'Aden, où le navire mouillait. Une embarcation suicide s'est approchée du vaisseau américain, sans manifester d'intentions hostiles, avant de déclencher les explosifs et de provoquer la mort de 17 marins et 39 blessés à bord. Après cette attaque, l'US Navy a revu drastiquement ses règles d'engagement pour mieux défendre ses navires. Le FBI a quant à lui envoyé Ali Soufan enquêter sur le terrain avec John O'Neill (devenus amis), se confrontant alors à un manque de coopération des autorités locales et à une mauvaise collaboration des diplomates américains, que O'Neill a dénoncée publiquement.
Le 10 juillet 2000, un agent du bureau du FBI de Phœnix, en Arizona, a signalé à sa hiérarchie puis au quartier général à Washington, que des liens existaient entre des élèves d'une école de pilotage aux États-Unis et Al Qaïda, mais son rapport a été ignoré, faute de preuves suffisantes.
Poussé vers la sortie en raison de ses désaccords avec sa hiérarchie et avec le gouvernement fédéral, John O'Neill a quitté le FBI à l'été 2001, obtenant le poste de chef de la sécurité du World Trade Center le 23 août 2001.
En août 2001, le franco-marocain Zacarias Moussaoui a été arrêté dans le Minnesota pour infraction aux lois sur l'immigration : dans le collimateur des services de renseignements, qui savaient qu'il s'était rendu en Afghanistan et était proche de ben Laden, Moussaoui a été dénoncé par ses instructeurs de vol dans l'école de pilotage où il était inscrit. En effet, il a annoncé vouloir uniquement apprendre à faire voler un avion, sans s'intéresser à l'atterrissage ou au décollage, ce qui soulevait des soupçons. Le bureau du FBI de Minneapolis a été averti de son comportement mais n'a pas eu le droit de perquisitionner malgré des informations données par les français sur les liens de Moussaoui avec les islamistes radicaux. Les lenteurs administratives n'ont permis au FBI d'obtenir le mandat de perquisition pour fouiller son ordinateur que le 11 septembre 2001, peu après l'effondrement des tours jumelles, sous lesquelles le corps de John O'Neill a été retrouvé... (parmi les milliers d'autres).