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Les États-Unis d'Amérique

Venez découvrir l'Histoire des États-Unis d'Amérique: géographie, villes, économie, culture, gastronomie...

Siège de Fort Alamo

(Peinture de la chute de fort Alamo, Robert Jenkins Onderdonk, Texas Governors Mansion in Austin, 1903, wikipedia)

(Peinture de la chute de fort Alamo, Robert Jenkins Onderdonk, Texas Governors Mansion in Austin, 1903, wikipedia)

Événement historique majeur dans l'histoire du Texas, le siège de fort Alamo symbolise la résistance américaine face aux troupes mexicaines, durant la révolution texane, en 1835-1836. 

A cette époque, de nombreux colons américains installés au Texas, alors mexicain, avec l'accord des autorités de Mexico, ont commencé à devenir majoritaires dans la région, remettant en question le contrôle mexicain sur ce territoire, où le gouvernement central réduisait peu à peu les droits de ses citoyens. Alors que les colons d'origine américaine, appelés Texians se sont alliés aux texans d'origine mexicaine, appelés Tejanos, afin de lutter contre le président mexicain Santa Anna, les objectifs des alliés n'étaient pas les mêmes : les Texians voulaient l'indépendance du Texas, en tant que République, alors que les Tejanos voulaient un retour aux droits de la constitution mexicaine de 1824.

Les tensions entre le gouvernement central mexicain et son immense territoire du Texas ont amené Mexico, qui s'inquiétait de plusieurs tentatives américaines de lui acheter le Texas, à faire porter la responsabilité des troubles sur les immigrants américains, dont beaucoup ne parlaient pas espagnols et dont peu avaient essayé de s'adapter à la culture mexicaine. 

Vers fin 1835, Santa Anna a commencé à rassembler une grande armée pour restaurer l'ordre dans le territoire texan, mais son armée était surtout constituée de recrues pas ou peu entraînées, mal équipées et mal encadrées, et les troupes mexicaines sont rapidement été chassées du Texas . Parmi les forces mexicaines poussées à la reddition figuraient les troupes du beau frère de Santa Anna, qui se sont rendues les 9 décembre 1835, poussant Santa Anna à décider de considérer les combattants étrangers comme des flibustiers, ce qui permettait, au regard du droit mexicain, à les fusiller immédiatement après leur capture. 

Après le départ des dernières troupes mexicaines de San Antonio de Bexar (actuelle San Antonio), les soldats texans ont créé une garnison dans la mission Alamo, ancien avant poste religieux espagnol. Les rebelles texans avaient alors transformé le site en une forteresse improvisée, où ils espéraient pouvoir tenir face à d'éventuelles attaques mexicaines. 

L'installation était constituée d'une grande place centrale, bordée au Sud-Est par une chapelle et à l'Est par un bâtiment à 1 étage; au Nord de la chapelle se trouvaient des bâtiments à 2 étages, et des enclos pour animaux d'élevage se trouvaient à l'arrière. L'ensemble des bâtiments était relié par des murs épais et assez hauts, mais où l'ingénieur texan Green B. Jameson a fait construire des passerelles, pour que les défenseurs puissent tirer au-dessus des murs, les exposant au niveau du torse. 

Les texans ont récupéré 19 canons abandonnés par les mexicains lors de leur fuite, et l'ingénieur Jameson les a répartis le long des murs; la petite garnison manquait toutefois d'hommes, de munitions et de vivres, et le colonel James C. Neill, commandant le fort, a écrit au gouvernement texan provisoire pour réclamer des renforts et du ravitaillement. Les autorités locales peinaient à s'organiser et n'ont pu fournir de soutien au fort Alamo, poussant le colonel Neill, le 14 janvier 1836, à demander à Samuel Houston (qui revendiquait le contrôle de l'armée) de l'aider à collecter des vivres, des munitions et divers ravitaillements, pour que le fort puisse tenir en cas de siège.

Comme Houston n'avait pas assez d'hommes pour pouvoir efficacement défendre le fort, il a chargé le colonel James Bowie de retirer l'artillerie et de détruire le fort, mais ce dernier n'avait pas les animaux de trait nécessaire pour déplacer les canons et Neill a réussi à le convaincre de l'importance de la position du fort. Finalement, Bowie a considéré fort Alamo comme un poste de garde frontalier crucial pour protéger le Texas : dans un courrier adressé au gouverneur du Texas, Bowie affirmait que le colonel Neill et lui-même préféraient mourir dans les tranchées pour défendre le fort, plutôt que de le voir tomber en mains ennemies. 

Peu de renforts étaient arrivés pour soutenir le fort, bien que quelques dizaines d'hommes soient arrivés, dont le célèbre pionnier Davy Crockett, ancien congressiste du Tennessee; pendant ce temps, les forces mexicaines se rassemblaient à San Luis Potosi et Santa Anna a ordonné à ses troupes d'avancer directement sur Bexar, débutant la marche fin décembre 1835 et profitant du trajet pour mieux entraîner les soldats. Le 12 février 1836, après un long périple, ponctué par le départ des propriétaires des mulets de la colonne, qui était mal payés : la difficulté de s'approvisionner et de nourrir les troupes et les civils qui les accompagnaient a posé de sérieux problèmes aux mexicains. En outre, à partir du 13 février, 40 cm de neige sont tombés et des records de froid ont touché la région, entraînant des maladies, aggravées par les attaques des Comanche. 

Le 21 février, Santa Anna, à la tête de son armée, est arrivé à près de 40 kilomètres de San Antonio de Bexar, où les habitants ignoraient la présence des mexicains proximité et participaient à une fête en compagnie d'une grande partie de la garnison. Cherchant à profiter de la faiblesse défensive du fort, Santa Anna a ordonné au général Joaquin Ramirez y Sesma d'attaquer mais de fortes pluies soudaines ont différé l'assaut. 

Entre temps, les résidents de Bexar avaient découvert la présence de l'armée mexicaine à proximité, et le 23 février au matin, ils ont commencé à fuir la petite ville; Travis, un officier gradé de la garnison, a chargé un soldat de monter dans le clocher de la cathédrale San Fernando, pour surveiller les environs depuis ce point culminant. Au bout de quelques heures, des éclaireurs Texians ont rapporté la présence des forces mexicaines à moins de 3 kilomètres de la ville, où la forteresse était inadaptée face à un éventuel siège. Craignant l'imminence d'une attaque, des Texians ont récupéré de la nourriture et du bétail dans les maisons voisines, pour ensuite se retrancher dans fort Alamo, où certains d'entre eux avaient emmené leurs familles. 

Pendant ce temps, les troupes mexicaines approchaient, et en fin d'après-midi, près de 1500 soldats occupaient Bexar, où ils avaient hissé un drapeau rouge-sang, signifiant qu'ils ne feraient aucun prisonnier. En réaction, Travis a fait tirer le plus gros de ses canons, tandis que Bowie avait envoyé l'ingénieur Jameson pour tenter de rencontrer Santa Anna; quand Travis a eu connaissance de l'envoi unilatéral de Bowie, il a décidé d'envoyer un autre émissaire : les deux auraient demandé une reddition honorable au colonel mexicain Juan Almonte, qui aurait répondu qu'une éventuelle reddition serait inconditionnelle. Après le retour des émissaires et prise de connaissance de la réponse mexicaine, Travis et Bowie se sont accordés pour faire à nouveau tirer le plus gros canon. A la fin de la première journée de siège, les mexicains avaient reçu des renforts et étaient près de 2000

Durant plusieurs jours, les mexicains ont installé des batteries d'artillerie à environ 300 mètres au Sud et à l'Est des murs du fort, profitant de la nuit pour faire avancer les pièces d'artillerie versle fort. Au cours de la première semaine, près de 200 boulets ont atterri sur la place centrale du fort, dont une partie des boulets était réutilisée par les Texians pour riposter et dès le 26 février, Travis a ordonné d'économiser la poudre et les munitions de l'artillerie.

Le 25 au matin, entre 200 et 300 mexicains ont traversé le fleuve San Antonio pour se cacher dans des cabanes abandonnées, proches du fort; plusieurs Texians, couverts par d'autres, sont sortis pour incendier les cabanes, et après 2 heures d'escarmouches, 6 mexicains avaient été tués et 4 blessés, poussant la force à se retirer vers Bexar, tandis qu'aucun Texian n'avait été tué ou blessé. Dans la même journée, une vague de froid est tombée sur la ville, alors qu'aucun des camps n'était prêt ou équipé pour faire face à des températures très froides.

Dans tout le Texas, la nouvelle du siège s'était répandue, mais ce n'est pas avant le 26 février que le colonel Fannin, de la garnison de Goliad, à environ 130 kilomètres, a rassemblé 320 soldats, 4 canons et du ravitaillement, donnant de l'espoir aux Texians venus l'attendre à Gonzales, mais les renforts avaient fait demi-tour après seulement 1.6 kilomètre, pour une raison inconnue. Le 3 mars, 1000 autres soldats mexicains sont entrés dans Bexar, y portant les effectifs à presque 3100 soldats, tandis que les Texians pensaient toujours que les renforts de Fannin allaient arriver. Travis a alors envoyé 3 hommes, dont Davy Crockett, voir où en étaient les renforts. 

Au matin du 4 mars, un petit groupe de Texians est parvenu à franchir les lignes mexicaines et à rejoindre fort Alamo, bombardé depuis plusieurs jours; dans la nuit du 5 mars, à 22 h, Santa Anna a fait cesser les bombardements, offrant un répit aux Texians qui n'avaient pas dormi depuis plusieurs jours. Après minuit, plus de 2000 mexicains ont commencé à se préparer à l'assaut final, avec un bon encadrement des jeunes recrues par des vétérans, tandis que 500 cavaliers étaient répartis autour du fort, pour rattraper les fuyards texans ou mexicains. 

A partir de 5h30 du matin, les mexicains ont commencé à avancer silencieusement, réussissant à tuer les 3 sentinelles américaines durant leur sommeil et à s'approcher des murs d'enceinte : au cri de "Viva Santa Anna", les mexicains ont lancé l'attaque, réveillant les Texians et les Tejanos. Une partie des recrues mexicaines inexpérimentées tirait au hasard, blessant ou tuant parfois leurs frères d'armes, tandis que la grande concentration des troupes offrait une bonne cible à l'artillerie texane. Du côté des texans, ils devaient se pencher par dessus le parapet des murs pour tirer et s'exposaient ainsi dangereusement et Travis a été un des premiers défenseurs à mourir.

Au cours de l'assaut, les mexicains avaient installé des échelles pour franchir les murs, obligeant les défenseurs à les repousser sans avoir le temps de recharger leurs fusils; après un premier repli mexicain, suivi d'un second, l'assaut a finalement vu une troisième tentative se dérouler, où plusieurs colonnes d'attaque se sont massées progressivement vers le Nord, où le mur improvisé par les texans de 3.70 mètres offrait des prises et des trous. Un des premiers à franchir l'obstacle a été le général Juan Valentin Amador, qui est parvenu ensuite à ouvrir la poterne Nord, permettant aux soldats mexicains de se ruer à l'intérieur du fort. 

L'intrusion des mexicains dans le fort a contraint les défenseurs à abandonner les murs du Nord, tandis que les artilleurs de la partie Sud ont du tourner leurs canons pour repousser l'attaque par le Nord : cette manœuvre a laissé la zone Sud sans protection, et en quelques minutes les mexicains sont parvenus à tuer les artilleurs. Les défenseurs survivants se sont alors repliés vers la chapelle et les casernes, dont les murs avaient été préalablement percés de trous pour riposter, mais n'ont pas pu les atteindre. 

Lorsque la cavalerie mexicaine a commencé à charger, les défenseurs se sont mis à couvert dans un fossé, où ils ont finalement été battus; de leur côté, les texans réfugiés dans l'enclos à bétail se sont repliés dans le corral à chevaux, avant d'escalader un mur puis de contourner la chapelle, avec l'espoir de s'enfuir dans la plaine à l'Est, mais les hommes ont tous été tués par la cavalerie.

L'ultime groupe de texans, dont faisait partie Davy Crockett, défendait un petit mur devant l'église, mais face à l'afflux des mexicains, ils n'avaient pas le temps de recharger leurs armes et les utilisaient comme massues, employant également des couteaux pour se défendre. Les survivants du groupe ont alors pénétré dans l'église, tandis que de leur côté, les mexicains ont pu prendre possession des canons que les texans avaient oublié de neutraliser, et les ont utilisé contre eux. 

Des combats au corps à corps ont eu lieu dans les bâtiments pris par les mexicains, et à 6h30 du matin, la bataille était terminée, se soldant par la mort de tous les Texians et Tejanos, soit 182 hommes selon des témoins oculaires. Du côté mexicain, les pertes se seraient élevées à entre 400 et 600 soldats tués ou blessés, un bilan colossal compte tenu des effectifs engagés. 

Quelques jours avant le siège, les délégués élus du Texas se sont regroupés à Washington-on-the-Brazos (Texas) et y ont voté l'indépendance en vue de former la République du Texas : ils n'ont reçu la lettre de Travis, avertissant que sa situation était désespérée, que le 6 mars. Ignorant que le fort était tombé, Samuel Houston avait été nommé à la tête des forces texanes, avec 400 volontaires, pour rejoindre Alamo, en passant par Gonzales. Le 11 mars, arrivé à Gonzales, Houston a été informé que fort Alamo était tombé et a préféré évacuer ses forces et les civils, en apprenant que l'armée mexicaine avançait.

La chute de fort Alamo a finalement galvanisé les texans dans leur révolution contre le Mexique, aboutissant à la victoire écrasante texane lors de la bataille de San Jacinto, le 21 avril 1836, mettant fin à la révolution et donnant l'indépendance au Texas.

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