10 Octobre 2024
Il s'agit de la première grande bataille de la campagne de Philadelphie (Pennsylvanie) durant la guerre d'indépendance, près d'un an après la chute de New York aux mains des britanniques, après leur victoire à Long Island le 27 août 1776.
Sous le commandement du général William Howe, commandant en chef des forces britanniques, l'objectif était de capturer Philadelphie, alors capitale des colonies insurgées, pour mater définitivement la révolte et faire tomber le Second Congrès continental. Installé dans son quartier général à New York, Howe voulait forcer Washington à quitter sa position forte de Morristown, dans le New Jersey et les forces en présence ne se sont que rarement affrontées, à travers quelques escarmouches sanglantes.
Décidé à vaincre Washington, Howe a fait en sorte de le forcer à combattre en lançant une attaque contre la capitale rebelle, poussant les insurgés à livrer bataille en un lieu que Howe avait choisi à son avantage. Durant le printemps 1777, de nombreux navire sbritanniques étaient présents dans le port de New York, observés par des hommes de Washington, mais la destination des britanniques demeurait inconnue. Finalement, le 22 août, des hommes de Washington ont repéré des navires britanniques dans la baie de Chesapeake, signifiant très probablement que l'ennemi voulait attaquer Philadelphie.
Dans une démonstration de forces, George Washington a fait défiler environ 16 000 hommes dans Philadephie, chevauchant lui-même à leurs côtés et accompagné par le comte polonais Casimir Pulaski et par le français Gilbert du Moquier, marquis de Lafayette, arrviés dans l'armée continentale durant l'été 1777.
Le 25 août 1777, après 34 jours de voyage par la mer, une flotte de 260 navires britanniques embarquant 17 000-18 000 soldats (dont des Hessois) est arrivée à l'embouchure de l'Elk River (près de l'actuelle Elkton, Maryland), dans la baie de Chesapeake, après être partie de Sandy Hook, dans le New Jersey.
La flotte a peiné à débarquer les troupes et le matériel, car l'Elk River était étroite et boueuse, compliquant la logistique de cette vaste force, positionnée à environ 80 kilomètres au Sud-Ouest de Philadelphie.
Deson côté, George Washington disposait de près de 20 300 hommes, répartis entre l'embouchure de l'Elk River et Phildelphie, et contrôlait une bonne partie du New Jersey. Il a envoyé des unités de reconnaissance à proximité de Newark, dans le Delaware, à environ 14 kilomètres au Nord-Est de de l'actuelle Elkton, dans le Maryland, pour surveiller les mouvements ennemis.
Comme le désembarquement des troupes était compliqué par le terrain, Howe n'a pas eu le temps de monter un camp classique, a laissé se reposer ses hommes, affectés par la chaleur et la maladie. Il a ensuite opté pour envoyer ses soldats en avant, empêchant les éclaireurs insurgés de déterminer précisément la taille de la force adverse. Le 3 septembre, une importante escarmouche a eu lieu près de Newark, obligeant Washington a abandonner un campement défensif pour concentrer ses forces près de l'actuelle Chadds Ford, dans le comté de Delaware en Pennsylvanie.
Cet endroit était stratégique car il était fait de pentes boisées et de ravins escarpés et constituait le principal passage de la rivière Brandywine, entre Baltimore et Philadelphie, et Washington espérait affronter les forces britanniques vers Chadds Ford et y a concentré une partie de ses troupes le 9 septembre. Ce gué avait des forces positionnées en amont et en aval, avec des troupes de renfort menées par les généraux Anthony Wayne et Nathanael Greene.
Le général John Sullivan et sa force étaient postés sur la rive Est de la Brandywine, un peu plus au Nord, et il couvrait les hauteurs de Chadds Ford avec les généraux Adam Stephen et Lord Stirling, et d'autres troupes tenaient plusieurs gués le long de la rivière, renforçant la conviction de George Washington concernant sa tenue du terrain. L'aile droite de la force rebelle ne disposait d'aucun obstacle naturel pour l'ancrer et l'aider à se défendre.
Les forces britanniques s'étaient groupées dans le Chester County (Pennsylvanie), où de nombreux loyalistes ont informé les tuniques rouges des positions de Washington ; Howe bénéficiait d'une meilleure connaissance du terrain et ne voulait pas attaquer frontalement les forces insurgées et leurs défenses préparées. Le général Howe a opté pour une attaque de flanc, avec 6000-6800 hommes menés par Wilhelm von Knyphausen dirigés contre Chadds Ford et 9000 hommes sous le commandement de Charles Cornwallis, qui allaient marcher vers le gué de Trimble, à l'Ouest de la Brandywine Creek, pour exploiter 2 gués oubliés par Washington, qui ne connaissait pas assez le terrain local et rendait le flanc droit américain vulnérable et exposé.
Déroulement des combats
(Patriotes tenant leur position durant la bataille, peinture Frederick Coffay Yohn, www.britishbattles.com)
Le 11 septembre, à 5 heures du matin et sous un épais brouillard, Cornwallis et ses 9000 hommes (dont des hessois), ainsi que le général Howe en personne, pour un périplé de 19 kilomètres, surtout à travers bois, aidés par des guides loyalistes envoyés par Joseph Galloway, ancien membre pennsylvanien du Congrès continental devenu loyaliste.
Aux environs de 10h30, le général Knyphausen a lancé un bombardement d'artillerie,à la fois pour terrifier les américains et pour informer Howe q'uil était en position ; les rebelles ont à leur tour riposté avec leurs canons durant près de 30 minutes. Sensé précéder un assaut d'infanterie, le bombardement du hessois n'a pas été suivi d'une telle attaque, amenant Washington à se demander s'il n'était pas pris en embuscade par l'ennemi.
C'est vers midi qu'un rapport d'un éclaireur a confirmé à Washington ses craintes, après le signalement d'une importante colonne britannique le long de la route de la Grande Vallée, sur le flanc droit de la force insurgée. En réaction, Washington a envoyé 2 divisions, commandées par Adam Stephen et Lord Striling pour occuper une colline importante, mais un autre rapport, en provenance du général Sullivan, est venu informer Washington que le rapport précédent était erroné. Soulagé, Washington a ordonné à toutes ses unités de reprendre leurs positions initiales et de se concentrer à nouveau sur Knyphausen.
De leur côté, Cornwallis et Howe avaient franchi les 2 gués qu'ils avaient choisis, arrivant plus tôt que prévu, à 14h30, et choisissant donc de laisser se reposer un peu les hommes ; les troupes britanniques ont été repérées par des éclaireurs patriotes, qui ont envoyé en urgence un nouveau rapport à Washington pour confirmer que le rapport initial était correct et que le flanc droit des insurgés était menacé à tout instant.
Paniqué face à cette nouvelle, Washington a ordonné à Stephen et Stirling de retourner à la colline de Birmingham Hill, mais les forces étaient désorientées par les ordres contradictoires et ont tardé à se mettre en mouvement et à prendre position. A 16 heures, Howe a donné l'ordre d'attaquer et les tuniques rouges, baïonnettes au canon, ont lancé un assaut sur Birmingham Hill, face aux hommes de Stephen et Stirling, en position juste à temps. Toutefois, dans leur hâte, les généraux patriotes avaient négligé un fossé entre leurs forces, offrant une ouverture exploitée par les britanniques.
Sur le point de céder, la position patriote a reçu le renfort des hommes de Nathanael Greene, qui venaient de courir 6 kilomètres en 45 minutes et ont permis, malgré leur épuisement, à maintenir la ligne tant bien que mal. Devenue lieu de combats au corps à corps, la colline a vu Washington décider d'envoyer des renforts pour protéger son flanc droit, réduisant d'autant son dispositif central. Face à ce dernier, à Chadds Ford, les hessois et les britanniques ont été accueillis par le géénral Anthony Wayne dans des ffrontements sanglants. Face à l'afflux des troupes ennemis, Wayne n'a, eu d'autre choix que de replier ses forces, laissant derrière lui la plupart de ses canons qui ont été retournés contre lui par Knyphausen.
Le flanc droit était également sur le point de céder, et Washington a finalement décidé d'entamer une retraite coordonnée pour limiter les pertes et pendant près d'1 heure, Stirling, Stephen et Greene ont continué de repousser l'assaut britannique, permettant au reste des troupes de battre en retraite vers Chester, sur le fleuve Delaware, à environ 22 kilomètres. Progressivement, Stephen et Striling ont à leur tour retiré leurs troupes, laissant Greene tenir seule la ligne de résistance jusqu'à la tombée de la nuit. Blessé à la jambe, le marquis de Lafayette a malgré tout continué à se battre et a aidé à organiser et superviser la retraite, aidé par le général polonais Pulaski, qui commandait l'arrière-garde.
Le lendemain matin, le 12 septembre, a permis de dresser le bilan des pertes, avec 93 tués, 488 blessés et 6 disparus côté britannique (dont des hessois), contre 200 tués, 500 blessés et 400 prisonniers du côté des patriotes.
Dans les jours qui ont suivi les combats, d'autres affrontements ont opposé Washington et Howe, chacun cherchant à être plus malin que l'autre, mais Washington ne pouvait se risquer à perdre son armée dans une autre bataille majeure pour défendre Philadelphie. Conscient de ce fait, Howe a fait marcher ses troupes directement sur la capitale rebelle, occupée à partir du 26 septembre durant 9 mois.
Victoire non durable pour les britanniques, la prise de Philadelphie a été compensée côté patriotes par la victoire du 4 octobre lors de la bataille de Saratoga (province de New York), dont l'issue a convaincu quelques mois plus tard le roi français Louis XVI de soutenir les rebelles...