22 Mai 2024
Situé dans le Minnesota, près du lac Supérieur, Grand Portage National Monument est administré par le National Park Service et appartient aux Monuments Nationaux.
Histoire
L'emplacement de ce site a longtemps été apprécié par les amérindiens, qui utilisaient la zone pour accéder à l'intérieur du Minnesota et de l'Ontario; en 1729, un guide de la tribu Cree a dessiné une carte de la région pour le français Pierre Gualtier de Varennes, venu avec ses 4 fils explorer cette partie du continent américain pour y chercher des animaux à fourrure.
Assez rapidement, le poste britannique de commerce installé là a profité de sa position géographique permettant de rejoindre les autres postes avancés situés à l'intérieur des terres, notamment Fort Charlotte situé à environ 14 kilomètres de là, mais allant jusqu'à 80 kilomètres de distance parfois. A l'époque, les explorateurs et les trappeurs de la Terre de Rupert (territoire britannique de 3 900 000 Km² du Centre-Nord de l'actuel Canada) empruntaient la Piegon River pour atteindre Fort Charlotte, puis évitaient les cascades de la rivières et transportaient par terre les fourrures jusqu'à Grand Portage, qui tire son nom des franco-canadiens, qui l'avaient traduit de la langue Ojibwédont le mot "Kitchi Onigaming" signifiait "laplace du grand déplacement".
Arrivés sur zone, les trappeurs échangeaient les fourrures contre des biens et des vivres, puis repartaient en canoë chercher d'autres bêtes; bâti en bois, le comptoir commercial abritait notamment une salle de réunion, quelques logements et un magasin général.
A partir de 1795, la signature du traité de Jay avec les américains a vu l'activité des britanniques être compliquée par l'absence d'un accord frontalier clair définissant la frontière, qui ne sera validé qu'en 1818. En 1802, les membres de la North West Company (favorables au Canada britannique) ont voté en faveur du démantèlement de leur camp des 18 bâtiments et de son transfert à 80 kilomètres plus au Nord, à l'embouchure de la Kaministiquia River au Canada, où le site a été renommé Fort William.
En 1854, un accord a été signé entre le gouvernement fédéral et les Ojibwé pour faire de la zone leur réserve amérindienne de 20 978 hectares, avec notamment la construction d'une école (pour "civiliser" les amérindiens) et d'un bureau de poste en 1856, mais peu vivaient vraiment là; en 1865, la réserve accueillait environ 1500 personnes. Toutefois, l'accroissement de la population a été marqué vers 1870 par l'arrivée de nombreux immigrés suédois, norvégiens et finlandais. L'avidité de plusieurs d'entre eux a conduit à une exploitation déraisonnable des ressources locales.
En 1887, le gouvernement a décidé d'abolir la réserve, presque inoccupée par les amériendiens et de l'ouvrir à la colonisation en le vendant par lots de 64 hectares à des particuliers; profitant de cette opportunité, de nombreux amérindiens ont réussi à acheter des terres et en 1909, ils étaient 306 propriétaires de 9789 hectares, mais demeuraient dans la pauvreté.
Vers le milieu des années 1920, la construciton de la rotue reliant Duluth à Fort William et passant à proximité de GFrand Portage a permis progressivement d'amener des touristes, curieux de découvrir les amérindiens et leur artisanat. Sous l'administration du président Franklin D. Roosevelt, une politique plus ouverte aux amérindiens a permis à ceux-ci de mieux s'organiser en auto-gouvernance et il a été décidé de donner les anciennes terres non vendues à la tribu et de l'aider à racheter celles vendues.
A la même période, le Civilian Conservation Corps, la Works Progress Administration et la Civil Works Administration ont réalisé des travaux d'amélioration, construit des routes, une école, un centre communautaire, mais ces modernisations n'ont pas plu à tous et ont provoqué un certain émoi chez plusieurs amérindiens. En outre, un projet routier de l'État du Minnesota menaçait de traverser le centre du village, provoquant une forte mobilisation contre l'hypthétique route, tandis que des promoteurs immobiliers tentaient de faire pression pour que la route soit construite. Alors que ces derniers avaient réussi à convaincre les pro-développement du conseil de la réserve, la Seconde Guerre mondiale a éclaté et a repoussé la construction de la route, non prioritaire.
En 1951, la zone a été désignée Grand Portage National Historic Site, après un programme de restauration (démarré en 1938), et a été ouverte au public; en 1960, le Congrès des États-Unis a fait de l'endroit le Grand Portage National Monument, avec d'importantes fouilles archéologiques prévues pour sauver le maximum d'artefacts avant les travaux de restauration et de modernisation, particulièrement des sanitaires, ainsi que pour cartographier l'ancien site et mieux comprendre comment les amérindiens y vivaient.
Le 15 juillet 1969, la foudre a incendié la grande salle reconstruite en 1938, mais cette perte a permis au National Park Service de planifier la construction d'une nouvelle salle en se basant sur un design historique et en faisant travailler les locaux : les travaux se sont achevés en 1974, avec un réel souci d'authenticité.
Un total de 88 291 visiteurs est venu en 2023 découvrir l'histoire de cet endroit, de ses trappeurs et des amérindiens; des reconstitutions ont régulièrement lieu pour offrir une expérience plus immersive et réaliste.
Un muséum, une boutique de souvenirs, des randonnées (13 kilomètres de long) et des compétitions de port de canoë permettent d'en apprendre davantage et il est possible de se rendre dans la réserve amérindienne de Grand Portage, peuplée par 618 personnes en 2020.