21 Octobre 2021
Immédiatement après les batailles de Lexington et Concord, le 19 avril 1775, les troupes britanniques vaincues par les rebelles ont commencé à rentrer à Boston, lieu de leur garnison, harcelées en chemin par des embuscades et un feu nourri de la part de près de 3800 miliciens, galvanisés par leur victoire initiale et par leur colère.
Ces derniers, venus de nombreuses communautés du Massachusetts ont uni leurs forces pour encercler la péninsule de Boston et bloquer l'accès terrestre à la ville, ne laissant aux britanniques que la possibilité d'être ravitaillés par la mer.
La ligne tenue par les miliciens allait de Chelsea (autour des péninsules de Boston et Charlestown) à Roxbury et s'est renforcée dans les jours suivants avec l'arrivée de miliciens venant de Rhode Island, du Connecticut ou encore du New Hamsphire, augmentant les effectifs à près de 6000 miliciens, commandés par le général du Massachusetts Artemas Ward, face à 4000 britanniques retranchés dans Boston.
Le général Thomas Gage, à la tête des forces assiégées, a souhaité faire fortifier des positions aisément défendables , notamment à Roxbury, dans le Sud, où il a fait installer 10 canons de 24 livres, tandis que dans Boston il a fait fortifier 4 collines pour défendre la cité. Pour renforcer son dispositif, Gage a décidé d'abandonner Charlestown et de ramener les troupes qui y étaient assignées à Boston, délaissant ainsi Bunker Hill, Breed's Hill, Dorchester et Charlestown.
Par crainte de voir des habitants recevoir des armes en provenance des miliciens, pour tenter un soulèvement interne, Gage a fortement restreint les déplacements tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la ville. Pendant le siège, des sympathisants des rebelles ont préféré fuir la ville, tandis que des loyalistes ont préféré gagner la ville, pour y être protégés par les troupes britanniques.
Alors que le ravitaillement de Boston par la Royal Navy était possible depuis la Nouvelle-Écosse, celui-ci a été compliqué par des corsaires américains qui ont attaqué plusieurs fois des navires anglais, diminuant d'autant le soutien en vivres et en fournitures pour les assiégés. L'amiral britannique Samuel Graves a autorisé la marine et les marchands loyalistes à réquisitionner des vivres et divers matériaux de construction auprès des communautés vivant en bord de mer, suscitant de la colère pour nombre des habitants.
De son côté, le Congrès de la Province du Massachusetts a autorisé le 3 mai 1775 le général Benedict Arnold à soulever des forces pour prendre le peu défendu Fort Ticonderoga (dans l'actuel État de New York), pour s'emparer des canons qui faisaient défaut aux Patriotes; aidé par le milicien Ethan Allen et ses troupes, Arnold a réussi à prendre possession du fort et à faire parvenir plusieurs canons aux assiégeants de Boston. Pendant ce temps les britanniques ont tenté le 21 mai d'aller sur plusieurs îles du port de Boston pour réquisitionner des vivres auprès de fermiers, mais ont été interceptés par les Patriotes qui ont ensuite brûlé la ferme visée par les britanniques.
Des renforts britanniques sont arrivés à Boston avec les généraux John Burgoyne, Henry Clinton et William Howe, ainsi que 2000 soldats et le HMS Cerberus et es 28 canons.
Le 26 mai, le Second Congrès Continental a nommé la force assiégeante armée continentale. Du 27 au 28 mai, les insurgés ont "nettoyé" les autres îles du port pour empêcher les britanniques de s'y approvisionner, conduisant à la bataille de Chelsea Creek, une zone de marais où les britanniques ont voulu empêcher la capture du bétail et de foin par les insurgés : cette bataille a opposé 850 Royal Marines à 300 à 600 rebelles. Elle a causé la mort de 2 soldats britanniques, la perte du HMS Diana (première perte navale de la guerre), dont l'armement et divers équipements ont été capturés et causé 4 blessés chez les rebelles. Malgré cette victoire américaine, les Patriotes de l'armée continentale manquaient également de vivres, d'armes, de munitions et de coordination.
Le 12 juin, le général britannique Gage a finalisé son plan visant à briser le siège de Boston, avec la volonté de réoccuper et fortifier Bunker Hill; le 15 juin, les Patriotes ont appris l'intention des britanniques et ont chargé Artemas Ward d'aller fortifier Bunker Hill et les hauteurs de Charlestown. Le même jour, le Congrès Continental a nomme à l'unanimité George Washington commandant en chef de l'armée continentale.
Au cours du 16 juin, des miliciens commandés par le colonel William Prescott ont commencé à fortifier Breed's Hill, plus basse que Bunker Hill, mais aussi plus proche de Boston; le 17 juin, les troupes des généraux britanniques William Howe, Henri Clinton, Robert Pigot et de l'amiral Samuel Graves représentant 2400 soldats et marines ont attaqué les positions des 1500 Patriotes menés par le général Israël Putnam. La victoire tactique des britanniques s'est faite au prix de lourdes pertes, puisque 226 soldats ont péri et 828 ont été blessés, contre 115 tués et 305 blessés chez les insurgés.
Malgré cette défaite, les Patriotes ont été galvanisés par les pertes qu'ils ont fait subir aux britanniques, ce qui leur a donné davantage de confiance pour continuer le siège; alors qu'il était en chemin, aux environs de New York City, George Washington a eu connaissance de la bataille de Bunker Hill le 21 juin. Arrivé à Cambridge le 2 juillet, le général Washington a établi son camp de base au Harvard College, dans la maison de Benjamin Wadsworth.
Assez rapidement Washington s'est rendu compte que la force des patriotes, estimée à 20 000 membres, était réduite à 13 000 aptes au combat, notamment après la bataille de Bunker Hill qui a beaucoup puisé dans les réserves de poudre. Durant le mois de juillet, des renforts britanniques sont arrivés par la mer, portant les effectifs à 10 000 soldats, alors que 2000 miliciens du Maryland, de Pennsylvanie et de Virginie arrivaient pour appuyer la force de l'armée continentale.
Plutôt désorganisée, cette dernière a vu George Washington commencer à combiner les différentes forces pour les faire ressembler davantage à une armée, avec également la nomination d'officiers chargés d'encadrer les troupes pour mieux organiser et discipliner les forces; afin de faciliter cette hiérarchie, les officiers portaient des uniformes afin d'être mieux reconnus par les miliciens.
Toujours durant le mois de juillet, Washington a fait renforcer les positions des forces continentales, notamment en creusant des fossés; quelques escarmouches ont eu lieu entre l'été et l'automne 1775. Fin juillet, les britanniques ont incendié des maisons à Roxbury après avoir repoussé l'avant garde des miliciens, puis courant août, Washington a envoyé 1200 hommes creuser des tranchées sur la colline de Charlestown, et malgré le bombardement britannique, les miliciens ont réussi leur mission.
Le 30 août, 300 soldats continentaux ont brûlé le phare de Lightouse Island, tuant plusieurs britanniques et en capturant 23, tandis qu'ils n'avaient à déplorer qu'1 seule perte humaine. Courant septembre, Washington a planifié deux attaques importantes : l'une visant à envoyer 1000 hommes attaquer Québec depuis Boston, pour couper l'arrivée éventuelle de renforts britanniques, puis ensuite de revenir à Boston dans un deuxième temps. Il a également autorisé à ce que ses forces réquisitionnent des navires de pêche pour recueillir du renseignement et aussi capturer des vivres et fournitures britanniques.
Le 11 septembre, le général Benedict Arnold a pris le commandement de 1000 soldats, jusque là assiégeants de Boston, pour prendre la direction de Québec; vers la même période, Washington a réuni son conseil de guerre en vue de créer un plan d'attaque de Boston avec plusieurs vagues d'assaut venant de Back Bay, mais son plan a finalement été rejeté. Courant novembre, environ 400 britanniques ont lancé une attaque à Lechmere's Point pour capturer du bétail, mais des soldats continentaux leur ont lancé une embuscade qui a tué 2 soldats britanniques, mais les autres ont réussi à capturer 10 bovins.
Le 29 novembre, le capitaine colonial John Manley, à bord de la goélette Lee, est parvenu à capturer le navire anglais HMS Nancy de 250 tonnes à l'extérieur du port de Boston : le navire britannique a cru que le Lee était le bateau pilote du port et Manley a profité de cette confusion pour envoyer quelques hommes (dont les armes étaient cachées) à bord d'une embarcation à la rencontre du HMS Nancy qui a été rapidement capturé. Le butin a figuré parmi les plus importants de toute la Révolution américaine, avec 2000 mousquets, 1 canon de 13 pouces, 100 000 silex et fournitures pour armes à feu, 31 tonnes de balles de mousquets et 3000 boulets de canon.
Le HMS Nancy a pris la direction de Beverly (Massachusetts), où sa cargaison a été déchargée et envoyée à George Washington et ses troupes, dans une éruption de joie et d'acclamations de la part des miliciens.
Peu avant, dans le courant du mois de novembre, Henry Knox a suggéré à George Washington d'utiliser les canons capturés à Fort Ticonderoga et Fort Crown Point pour faire le siège de Boston; le général Washington a accepté la requête et a chargé Knox d'aller chercher les canons et de les ramener. Arrivés à Fort Ticonderoga le 5 décembre, Knox et son expédition ont mis 6 semaines au lieu de 2 à revenir à Boston, empruntant un itinéraire de 482 kilomètres enneigé et verglacé.
La poursuite du siège durant l'hiver a vu les 2 camps rencontrer de sérieuses difficultés : les britanniques recevaient rarement des vivres et des fournitures (les bateaux étaient soient perdus en mer, soit attaqués par les corsaires), avaient besoin de bois pour se chauffer et ils ont d'ailleurs détruit des maisons pour en récupérer le bois, et des maladies telles que le scorbut ou la variole ont commencé à apparaître.
Côté américains, les troupes de Washington manquaient de poudre, n'étaient pas toujours payées ou voyaient leur contrat d'engagement arriver à échéance le 31 décembre 1775, poussant Washington à prendre des mesures incitatives pour faire réengager le maximum de miliciens; en outre, l'épidémie de variole l'a contraint à séparer ses hommes malades et à les envoyer dans un hôpital éloigné du reste de ses troupes. Au dernier jour de l'année 1775, il disposait de 9650 miliciens.
Le 27 janvier 1776, Knox est finalement arrivé à Cambridge avec 59 canons, renforçant ainsi les lignes américaines; début février, des soldats britanniques ont incendié des maisons de ferme à Dorchester, tandis que 2000 miliciens n'avaient toujours pas d'armes, faute de financement. La poudre à canon leur manquait également. Le 2 mars, le colonel Knox a commencé à bombarder la ville, entraînant une riposte des canons britanniques, provoquant un affrontement de 2 jours, qui n'a fait que des dégâts légers et entraîné la mort de quelques britanniques.
Durant la nuit du 4 mars, Washington a fait installer davantage de canons à Dorchester Heights, lieu surplombant le port de Boston : le plan de fortification de Dorchester Heights a vu 1500 miliciens monter des barricades car le sol étant gelé, ils ne pouvaient creuser, tandis que les canons bombardaient Boston, masquant ainsi le bruit des miliciens au travail. Au matin, alors que les barricades et les canons étaient en place, les britanniques ont été surpris par cette nouvelle position des américains. Le 5 mars, les assiégés ont bombardé 2 heures durant les positions américaines, sur Dorchester Heights, mais sans effet car les armes américaines étaient situées trop en hauteur.
Le général William Howe avait déclaré peu avant que si les américains prenaient cette colline, il ne serait pas en mesure de protéger et de garder les navires anglais dans le port; avec son état-major, Howe a planifié une attaque visant à chasser les américains de Dorchester Heights, mais une tempête de neige l'en a empêché.
Face à l'incapacité de ses troupes de résister, Howe a décidé qu'il allait être temps de retirer les forces de la ville. Le 8 mars, des habitants de Boston ont écrit au général Washington pour lui faire part de leur crainte de voir Boston être détruite par les britanniques s'ils étaient attaqués durant leur évacuation : bien que Washington ait rejeté cette lettre car elle ne lui était pas adressée à son nom ou à son titre, il a toutefois tenu compte de son contenu.
Le 9 mars, un tir massif d'artillerie britannique contre les américains qui faisaient mouvement sur Dorchester Heights a tué 4 patriotes, mais sans faire d'autres dégâts : le lendemain, les patriotes ont collecté un total de 700 boulets de canons qui leur avaient été tirés dessus.
Finalement, le 10 mars, le général Howe a publié une proclamation ordonnant aux habitants de Boston de remettre aux britanniques le lin et la laine qu'ils possédaient, pour ne pas que ces matières tombent aux mains des patriotes. Dans la semaine qui a suivi, les britanniques et les loyalistes étaient à bord des navires anglais dans le port, en attendant des vents favorables pour quitter la ville.
Pendant ce temps, les américains ont continué de détourner les navires britanniques de soutien qui tentaient d'atteindre Boston et ont orienté ces bateaux vers des ports tenus par des patriotes; le 15 mars, le vent a été temporairement favorable aux britanniques, mais lorsqu'ils ont entamé leur départ, le vent a tourné.
C'est finalement le 17 mars 1776 que près de 120 vaisseaux anglais ont embarqué près de 11 000 personnes, dont 9906 soldats, et ont appareillé pour Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Le 18 mars, George Washington a commencé à se diriger vers la ville, où il était suspecté que des troupes britanniques étaient encore à Bunker Hill, mais il s'est avéré que non; comme la ville avait connu une épidémie de variole, les américains ont couru le risque d'être exposés à cette maladie et n'ont envoyé que des hommes qui avaient déjà été exposés à la maladie, sous le commandement d'Artemas Ward. Le 20 mars, comme le risque épidémique était jugé faible, davantage de patriotes sont entrés dans Boston, tandis que le général Washington, qui trouvait le départ de la flotte ennemie trop facile, a demandé au capitaine John Manley de harceler la flotte anglaise : il a réussi à capturer le navire du loyaliste Crean Brush, qui avait collecté la laine et le lin avant le départ des anglais.
Accueilli par les habitants sous des acclamations et des cris de joie, après des mois de privations, George Washington a profité de ce grand succès, tout en sachant pertinemment que les britanniques allaient continuer à se battre, notamment en visant New York City et que bien d'autres batailles attendaient les miliciens et l'armée continentale.
Depuis 1941, le 17 mars est un jour férié dans le Suffolk County pour commémorer le départ des britanniques.