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Les États-Unis d'Amérique

Venez découvrir l'Histoire des États-Unis d'Amérique: géographie, villes, économie, culture, gastronomie...

Batailles de Lexington et Concord

(Bataille de Lexington, peinture William Barnes Wollen, 1910, National Army Museum, wikipedia)

(Bataille de Lexington, peinture William Barnes Wollen, 1910, National Army Museum, wikipedia)

Premiers engagements militaires de la guerre d'Indépendance américaine en avril 1775, les combats de Lexington et Concord, dans le comté de Middlesex, au Massachusetts, ont marqué l'ouverture d'un conflit armé ouvert contre les forces britanniques dans les Treize colonies d'Amérique du Nord. 

Après plusieurs années de tensions opposant une partie des colons à la métropole britannique, qui refusait d'accéder à certaines revendications coloniales, des affrontements armés devenaient inéluctables. L'armée britannique occupait la ville de Boston depuis 1768, avec près de 3000 soldats, mais au fil des ans, l'hostilité d'une partie des habitants et des colons a débouché sur la Boston Tea Party en 1773. Comme les britanniques ne contrôlaient réellement que Boston et pas le reste de la colonie, où l'application des lois royales provoquait des tensions entre loyalistes et Patriotes, et qu'ils craignaient que la rébellion ne prenne les armes, il a été décidé d'aller prendre le contrôle des entrepôts de la milice pour éviter qu'une guerre ouverte n'éclate et que les rebelles ne s'arment, comme cela a été le cas en 1774 au moment de la capture du fort William & Mary, dans la province du New Hampshire.

(Parcours des messagers et de l'armée britannique, image Augusta 89, 08/10/2013, wikipedia)

(Parcours des messagers et de l'armée britannique, image Augusta 89, 08/10/2013, wikipedia)

L'armée britannique avait l'intention de se déplacer en direction de la rivière Charles, pour rejoindre ensuite Concord, où les soldats devaient saisir des caches d'armes de la milice du Massachusetts et arrêter les dirigeants de la rébellion, Samuel Adams et John Hancock, réfugiés dans la maison d'un des parents de Hancock. 

Grâce à une source bien placée dans le haut commandement britannique, les rebelles ont eu vent du plan adverse et ont notamment été avertis par le célèbre Paul Revere, orfèvre de Boston et Patriote acquis à la cause rebelle, qui a chevauché jusqu'à Lexington. 

Le 18 avril à 21 heures, près de 700 soldats britanniques se sont mis en route et rassemblés à 22 heures sur la rive de la Charles River, qu'ils ont traversé à bord de barques inadaptées dans lesquelles ils devaient se tenir debout, faute de place; leur embarquement a été désorganisé et ils ont atteint l'autre côté de la rive vers Cambridge à minuit. A leur arrivée, les soldats étaient dans l'eau jusqu'à la taille et ont mis du temps à s'organiser pour marcher en direction de Concord, à 27 kilomètres de là, avec leur tenues mouillées et leurs chaussures boueuses.  

En chemin, les officiers britanniques se sont aperçus que des signaux d'alarme destinés aux rebelles étaient apparus, faisant perdre l'effet de surprise aux soldats. Au moment de l'arrivée d'une partie des britanniques à Lexington (400 soldats), au lever du soleil, environ 80 miliciens, issus d'un groupe d'entraînement, sont sortis de la taverne Buckman et sont restés visibles sur la place Lexington Green, sans bloquer la route vers Concord. Les soldats britanniques auraient dû tourner à gauche en direction de Concord après avoir vu les miliciens, mais le lieutenant britannique Jesse Adair a décidé de son propre chef de tourner à droite en direction des rebelles, pour tenter de les encercler et les désarmer. 

En présence de 40 à 100 spectateurs du village, le capitaine Parker, à la tête des miliciens, leur ordonne de se disperser et de ne pas tirer, sauf pour riposter, mais devant la confusion de la situation et en raison de problèmes de voix du capitaine (alors tuberculeux), ses instructions ont été couvertes par les bruits environnants, et un coup de feu d'origine inconnue a détonné. Ce tir a provoqué la confusion générale, après que les soldats britanniques aient commencé à courir en direction de la place où étaient les rebelles et d'y former les rangs. 

Les "Tuniques Rouges" britanniques ont alors chargé à la baïonnette, tuant 8 miliciens et en blessant 10, tandis qu'un seul soldat a été blessé dans l'affrontement et que le reste des miliciens a été mis en déroute; sous le commandement du major John Pitcairn, les soldats ont ignoré les ordres de leurs officiers car ils ne connaissaient pas les objectifs de la mission et ont continué à tirer dans différentes direction, se préparant à entrer dans des maisons. Le colonel Smith, chargé du commandement des forces britanniques, est ensuite arrivé avec les reste des troupes et a entendu les tirs : devançant lui-même ses grenadiers, il s'est avancé pour se rendre compte de la situation et a rapidement ordonné à toutes les forces de se rassembler. 

Une fois les troupes réunies, les grenadiers ont été autorisés par Smith à tirer en l'air une volée de victoire, puis les soldats ont fouillé les caches des miliciens, vides pour la plupart, grâce aux renseignements qu'ils avaient obtenu peu avant.  Après ces vaines fouilles, les britanniques sont repartis en colonne, en direction de Concord.

Informés des coups de feu qui ont retenti à Lexington, les miliciens de Concord et de Lincoln ont hésité sur la marche à suivre : soit attendre des renforts venus d'autres villes et défendre Concord, soit partir à l'Est et attendre l'armée britannique sur un terrain plus favorable aux insurgés. Un groupe de près de 250 miliciens a décidé de partir à la rencontre des britanniques, qui étaient près de 700, en prenant la route qui mène à Lexington, et après avoir parcouru environ 2 kilomètres, ils ont vu la colonne adverse et ont choisi de se replier vers Concord, avec environ 500 mètres d'écart entre eux et les soldats. 

Sous les ordres du colonel James Barrett, de la milice de Concord, les rebelles quittent la ville et rejoignent une colline au Nord, surplombant la ville, en passant par le North Bridge, pont en bois qui enjambait la Concord River. Profitant de leur position qui permettait de surveiller les mouvements adverses et d'observer le centre-ville de Concord, les miliciens ont progressivement reçu des renforts venant des villes voisines de l'Ouest, atteignant 400 hommes. 

A leur arrivée à Concord, les britanniques sont divisés en 2 groupes par le colonel Smith, une partie allant sécuriser le pont de North Bridge et une autre pour le South Bridge; une partie des troupes britanniques a fouillé le village et a trouvé 3 puissants canons, qui ont été neutralisés et ont aussi brûlé des affûts d'artillerie. Les Tuniques Rouges ont également jeté de la farine et de la nourriture du village dans l'étang de ce dernier, ainsi que 550 livres de balles de fusils. Durant la fouille, les soldats britanniques se sont montrés bienveillants avec les habitants, dont une partie a profité de cette gentillesse pour détourner les britanniques des caches d'armes. 

De son côté, le colonel rebelle James Barrett ordonne à ses miliciens de se placer en ligne sur 2 rangs le long de la route qui va vers le North Bridge et discute de la stratégie à adopter face aux britanniques. Après avoir ordonné à ses hommes de charger leurs armes, Barrett a également ordonné de ne pas ouvrir le feu, à moins d'être victime du tir adverse et ordonne aux miliciens d'avancer.  

Faisant face aux 90 soldats du capitaine William Laurie qui gardaient le pont, l'arrivée des miliciens contraint ce dernier à ordonner le repli de ses hommes, tout en demandant de l'aide aux autres forces amies du secteur : paniqué devant l'absence de réponse, il a ordonné à ses hommes de se mettre en position de tir dans l'axe du pont. Ce choix n'était pas adapté à un environnement tel que le chemin ouvert et dégagé d'où arrivaient les insurgés et le lieutenant britannique Sutherland a ordonné un replacement des soldats en voyant l'erreur de Laurie, ce qui a entraîné de la confusion dans les rangs car il commandant une autre compagnie. 

Un coup de feu, probablement de semonce, a alors retentit dans les rangs britanniques, suivi par deux autres tirs de soldats, conduisant leurs frères d'armes à penser que l'ordre de tir avait été donné et les faisant aussi ouvrir le feu, avant que le capitaine Laurie ne puisse les arrêter. Le tir a provoqué la mort de 2 insurgés et en a blessé 4 autres : le major rebelle Buttrick a ordonné en réaction d'ouvrir le feu sur les britanniques, alors distants d'environ 50 mètres, tuant 3 soldats et en blessant 9 autres. 

Face à cette riposte inattendue, les soldats se sont trouvés désemparés, paniqués, dans une mauvaise posture tactique, numériquement inférieurs et mal commandés, et ont pris la fuite en direction des grenadiers britanniques qui arrivaient du centre-ville de Concord.

(Bataille de North Bridge, image The National Guard, www.flickr.com, wikipedia)

(Bataille de North Bridge, image The National Guard, www.flickr.com, wikipedia)

Surpris par leur victoire, les insurgés ne savaient quoi faire : certains se sont avancés pour voir où s'étaient repliés les britanniques, d'autres ont préféré aller voir si leurs familles allaient bien, et d'autres se sont retirés, jusqu'à ce que le colonel Barrett reprenne le contrôle de la situation et place une partie de la milice sur la colline et une autre partie après le pont, derrière un mur de pierres pour se protéger en posture défensive. 

Du côté britannique, après le repli de l'infanterie légère qui courait vers les compagnies de grenadiers arrivant de Concord, dirigées par le lieutenant-colonel Smith, qui a vu les miliciens cachés derrière le mur, le colonel a fait s'arrêter ses 2 compagnies et s'est avancé avec ses officiers pour évaluer la situation.  

Peu après, les soldats envoyés fouiller infructueusement la ferme du colonel rebelle Barrett sont revenus et ont traversé le champ de bataille déserté, voyant les morts et les blessés au niveau du pont : arrivés en ville vers 11h30, sous les yeux des colons en position défensive, les soldats britanniques ont poursuivi la fouille de la ville à la recherche d'armes et de munitions, puis ont déjeuner et ont finalement pris le chemin du retour vers Boston dans l'après-midi. 

Pour sécuriser au mieux la colonne britannique, Smith a chargé des hommes de suivre la crête pour prendre d'éventuels ennemis par le flanc, après avoir eu vent de l'arrivée de nombreux miliciens en renfort, venant des autres villes de la région. Deux kilomètres environ après Concord, la crête se terminait près de Meriam's Corner, un carrefour et un petit pont, où les soldats se sont placés en rangs de 3 pour traverser le pont, mais à ce moment là, les miliciens venus du Nord et de l'Ets s'étaient rejoints et avaient un avantagé numérique. Après que le dernier britannique se soit aventuré sur le pont, les miliciens ont ouvert le feu, tuant 2 soldats et en blessant 6 autres, avant que ces derniers ne ripostent, sans blesser aucun milicien. 

Plus loin, dans les bois de Brooks Hill, à environ 1 kilomètre et demi de Meriam's Corner, près de 500 miliciens de Chelmsford attendaient les britanniques, dont Smith a envoyé une partie se ses forces pour chasser les miliciens des bois, essuyant de lourdes pertes. Par la suite, après avoir passé Brooks Hill, les soldats sont arrivés à un endroit où la route était en monté, avec un virage, le tout dans les bois : une embuscade de 200 miliciens de Bedford et Lincoln cachés derrière des arbres, des rochers et des murets, rejoints de l'autre côté du chemin par d'autres miliciens inflige 30 tués chez les britanniques (contre 4 chez les miliciens), qui étaient suivis par les miliciens de Concord.

Le reste de la colonne britannique n'a du sa survie qu'à sa vitesse de déplacement, supérieure à celle des miliciens qui allaient de cachette en cachette, à travers bois, mais aussi à la désorganisation des miliciens, alors mal encadrés et trop nombreux (près de 2000). Plusieurs escarmouches ont eu lieu, certaines réussies mais au prix d'un riposte britannique importante, notamment entre Lincoln et Lexington, mais les soldats étaient épuisés par les combats et manquaient de munitions. 

Le major britannique Pitcairn a envoyé des compagnies d'infanterie légère pour sécuriser les collines de The Bluff et Fiske Hill, mais au prix de pertes dans des embuscades, dont Pitcairn qui es tombé de cheval après avoir été blessé. Harcelés, des soldats britanniques ont commencé à se rendre, tandis que d'autres quittaient les rangs, obligeant les officiers à les menacer à l'aide de leurs épées pour essayer de remettre de l'ordre. Un officier britannique, unique gradé indemne de 3 compagnies, a même été tenté de négocier la reddition de ses hommes, jusqu'à ce qu'il entende au loin l'arrivée d'une brigade amie, forte d'environ 1000 soldats, et disposant de pièces d'artillerie, l'ensemble étant placé sous les ordres du colonel Hugh Percy et arrivant à Lexington vers 14h30.

Sensée sauver la situation, l'arrivée de ces renforts installés en hauteur avec de l'artillerie en limite de portée au moment de la rencontre avec les forces amies, suivies par les miliciens, n'a pas fait basculer la victoire du côté britannique malgré une position avantageuse. En effet, Percy avait été prévenu avec retard et pour gagner du temps depuis Boston, il avait décidé de partir sans munitions supplémentaires pour l'artillerie et les troupes (chaque soldat n'avait que 36 balles). Les coups tirés par l'artillerie ont surtout servir à disperser les miliciens.

Le commandant en chef des forces britanniques, le général Thomas Gage qui était basé à Boston, a réalisé que les troupes allaient manquer de munitions et a envoyé 2 chariots escortés par 14 soldats, mais le convoi a été intercepté par des miliciens âgés de plus de 60 ans, qui avaient tendu une embuscade, réussissant à tuer 2 sergents et à faire fuir les survivants, empêchant ainsi l'arrivée de ces précieuses munitions. 

Après avoir dispersé les miliciens grâce à son artillerie, Percy a pris le commandement des forces britanniques, environ 1700 soldats et leur a permis de se reposer, manger, boire et de recevoir des soins dans son quartier-général temporaire, la Munroe Tavern, à Lexington. Durant leur retraite vers Boston, les britanniques ont été attaqués à plusieurs reprises, voyant Percy miser sur la mobilité de ses forces et renforçant la protection de ses flancs, en plaçant les soldats fatigués de Smith au centre de la formation et les troupes plus "fraîches" sur les côtés et l'arrière-garde.

Entre-temps, profitant de la trêve temporaire à Lexington, le brigadier général de la milice William Heath est arrivé et a pris le commandement des forces rebelles, après s'être entretenu avec Joseph Warren à Watertown pour évoquer la tactique à employer contre les britanniques et leur artillerie : il a été décidé d'éviter les formations serrées qui attiraient les tirs, auxquelles ils ont préféré des manœuvres rapides d'encerclement et de maintien de distance. Des miliciens à cheval s'étaient postés le long de la route, descendaient de leurs chevaux, tiraient sur les britanniques, puis partaient plus loin pour attendre la colonne adverse et recommencer, tandis que les miliciens à pied optaient pour des tirs lointains, exerçant une pression psychologique sur les soldats, les insurgés profitaient d'un commandement efficace pour ce type d'actions. 

Sur le chemin entre Lexington et Menotomy, le combat a vu plusieurs habitants prendre les armes contre les britanniques et leur tirer dessus depuis leurs maisons, tandis que des miliciens  tireurs d'élite s'installaient dans quelques maisons pour viser les soldats, obligeant ces derniers à s'engager dans des combats de maison en maison. Celle de Jason Russell a été le théâtre du pire affrontement, durant lesquels ce dernier meurt , ainsi que 8 miliciens; une unité de 11 rebelles cachée dans son verger a tenté une embuscade mais a été capturée et exécutée par les britanniques.

 Le colonel britannique Percy a tenté de garder le contrôle de ses hommes, mais une partie de ceux-ci a commencé à commettre des atrocités pour se venger des pertes subies, n'hésitant pas à pénétrer dans des maisons où il n'y avait pas de miliciens pour violenter les habitants, voire les tuer car suspectés d'être liés aux combats. En représailles, les soldats n'ont pas hésité à saccager des tavernes le long de la route et à voler de l'alcool, et même à voler la quête d'une église : l'acharnement des combats entre Menotomy et Cambridge provoque la mort de 25 colons (plus 9 blessés) et 40 tués chez les britanniques (plus 80 blessés). 

Traversant la rivière Menotomy, les britanniques ont subit des attaques de nouveaux miliciens, moins dispersés, ce qui a permis à Percy d'utiliser son artillerie pour infliger des pertes importantes aux insurgés; à leur arrivée à Cambridge, les soldats ont découvert que le pont avait été démantelé par les rebelles, et que l'autre rive était remplie de miliciens. Percy a dirigé ses soldats sur une piste étroite pour éviter l'affrontement et prendre la route de Charlestown, mettant en échec l'étau que voulaient créer les rebelles. Réussissant à se soustraire à la menace des insurgés, les britanniques ont atteint Charlestown, où ils ont pris position sur les collines, sous la protection des canons du HMS Somerset et rapidement rejoints pars 2 régiments frais chargés d'occuper les collines et construire des fortifications, qui ne seront pas achevées. 

(Retraite britannique et embuscades, image Augusta 89, 28/10/2013, wikipedia)

(Retraite britannique et embuscades, image Augusta 89, 28/10/2013, wikipedia)

Après ces rudes combats, durant lesquels les insurgés ont eu 49 morts, 39 blessés et 5 disparus et les britanniques 73 tués, 174 blessés et 53 disparus, la situation dans le Massachusetts était passée de tendue à très hostile, conduisant au siège de Boston par les rebelles, désireux d'en chasser les britanniques après des années d'occupation. 

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