7 Février 2018
(Duo de F-22 derrière un KC-135 en Alaska, exercice Red Flag 13, photo de Snioer Airman Zachary Perras, USAF, 14/08/2013, www.flickr.com)
(F-22 de 'lANG de Hawaï à Nellis AFB, NV, pendant Red Flag 13, photo de Glenn Bloore, 23/01/2013, www.flickr.com)
Chasseur de l'US Air Force combinant furtivité et extrême maniabilité, le Lockheed-Martin/Boeing F-22 « Raptor » bénéficie des dernières avancées technologies, dans les domaines des matériaux, de l’électronique et des systèmes d’armes.
Conçu au début des années 1980, pour prendre la relève des F-15 et les relayer dans le rôle de chasseur de supériorité aérienne, le F-22 constitue la réponse américaine au développement de nouvelles machines en Union Soviétique, dont le Mig-29 et le Su-27, aux impressionnantes capacités, et susceptibles de rivaliser avec les appareils occidentaux.
Cette inquiétude, conjuguée au contexte d’alors (l’Union Soviétique était au faîte de sa puissance militaire), a poussé les autorités de l’administration Reagan à lancer le programme Advanced Tactical Fighter (ATF), visant à mettre au point un avion capable de survivre dans un espace aérien hostile, face aux dernières réalisations Soviétiques. Des accords pour des contrats d’études furent signés au mois de septembre 1983, pour répondre au cahier des charges émis par l’US Air Force : pénétration en profondeur de l’espace aérien adverse, armement de pointe, capacité à tirer dans une direction et évoluer dans une autre, vol supersonique sans postcombustion, etc.
Les plus grands constructeurs américains s’impliquèrent alors dans ce programme : Boeing, General Dynamics, Grumman, Lockheed, Northrop, McDonnell Douglas et Rockwell, le tout dans un contexte de stricte confidentialité ; en avril 1986, les avionneurs firent des propositions au Pentagone, qui en retint deux le 31 octobre de cette même année. Celles-ci reçurent l’autorisation de poursuivre les travaux de recherche et de produire des démonstrateurs : le Lockheed/Boeing/General Dynamics YF-22, et le Northrop/McDonnell Douglas YF-23.
A l’issue d’une compétition intense, l’US Air Force annonça son choix en faveur du F-22, le 23 avril 1991, couplé au moteur Pratt & Whitney pour le développement de sa version opérationnelle. Le premier prototype du F22 A est sorti d’usine le 9 avril 1997, pour effectuer son vol inaugural en juin de la même année, avec plusieurs années de retard sur le calendrier initial ; par ailleurs, dans cette période post guerre Froide, les commandes de la machine ont également été impactées : de 750, dans les années 80, on est passé à 648 (1990), puis 442 (1994), et enfin 189 (début des années 2000), principalement en raison de la dérive des coûts, cependant maîtrisée ($ 143 000 000 l’unité).
La mise au point de l’appareil allait s’avérer plus complexe que prévu : en effet, l’intégration des différents systèmes électroniques, de navigation, de transmission et de communication posa de nombreux problèmes de logiciels, de même que la verrière en bulbe, exposée prématurément à des fissures, dénotant un grave souci dans la conception, ont retardé la mise en service de l’avion. La détermination des autorités, associée à celle des industriels et des pilotes d’essais, a entraîné la poursuite du programme, et l’arrivée en escadrille du F-22 en 2005, alors que le projet n’a rencontré aucune difficulté financière particulière, contrairement au JSF F-35.
Dans la vision stratégique des autorités américaine, le rôle du F-22 n’est plus de faire de la supériorité aérienne, mais de la domination aérienne, permettant d’interdire de manière absolue l’espace aérien à tout adversaire. Les premières escadrilles à le percevoir ont été en Virginie (Langley), à Hawaï (Hickam), en Alaska (Elmendorf), en Floride (Tyndall) et au Nevada (Nellis) ; des déploiements ponctuels ont été effectués aux Emirats-Arabes-Unis (face à l’Iran en 2009 et 2012), à Guam (face à la Chine), et au Japon (face à la Corée du nord, en 2007). Le premier engagement opérationnel au combat a eu lieu en 2014 en Syrie contre des installations du groupe terroristes Daech.
Actuellement, aucun avion au monde ne combine avec autant d’efficacité furtivité, maniabilité, puissance et performance (bien que la Chine ait tenté de copier les technologies et la forme du F-22 pour son J-31); le F-22 est sans conteste le meilleur chasseur au monde, mais à un prix élevé, et en quantité limitée pour être déployé au combat en nombre suffisant.
L’extrême sophistication de l’avion rend son exportation presque impossible, compte tenu du secret qui l’entoure. L'US Air Force possède 187 F-22 dans son parc, qui devraient rester en service jusqu'en 2030, grâce à un récent chantier de modernisation de leurs capacités.
Caractéristiques
Affichant une longueur totale de 18.90 mètres, pour une hauteur de 5.05 mètres et une envergure de 13.56 mètres, le F-22 se veut la combinaison de la maniabilité du F-15 et de la furtivité du F- 117, le précurseur de la furtivité.
La masse à vide de l’appareil est de 14.40 tonnes, pour une masse maximale au décollage de 27.20 tonnes, avec une charge militaire de 9 tonnes. Chasseur furtif monoplace bidérive, propulsé par deux turboréacteurs Pratt & Whitney F-119, le Lockheed F-22 « Raptor » intègre le meilleur des technologies de l’aéronautique, de l’électronique, de l’armement et de la motorisation.
Cette dernière offre à l’appareil la possibilité de voler en régime de « supercroisière », vol supersonique sans postcombustion, à la vitesse de Mach 1.5, puis Mach 1.8 avec postcombustion ; par ailleurs, pour accroître la maniabilité de l’avion, des tuyères orientables, mobiles et furtives, ont été installées à l’arrière, permettant de dévier les gaz d’éjection, et donc l’axe de poussée (concept de la poussée dirigée). Grâce à son mode de propulsion unique, le F-22 a une autonomie de 3200 kilomètres en mode air- air, et peut atteindre un plafond pratique de 16.000 mètres.
La structure de l’avion, dont le revêtement demeure secret, fait largement appel aux matériaux composites (24% de la masse totale), et présente une silhouette dépourvue d’angles droits : ailes en diamant, empennage bidérive incliné, verrière en forme de goutte d’eau à revêtement doré absorbant, entrées d’air inclinées (dissimulant les aubes des réacteurs), soutes à munitions en lieu et place des pylônes d’emport, etc.
La partie électronique repose sur deux processeurs modulaires Common Integrated Processor (CIP), dont la puissance de calcul est phénoménale et allègent la charge de travail du pilote ; le radar multimode APG-77, conçu par Northrop Grumman et Texas Instrument, utilise la technologie des antennes actives à balayage électronique, offrant la possibilité de modifier instantanément la direction du faisceau d’ondes du radar, pour protéger l’aéronef contre tout brouillage, ainsi que des circuits électroniques à très haute vitesse ; par ailleurs, dans le cadre d’une patrouille de plusieurs F-22, ceux-ci sont capables de communiquer entre eux les informations recueillies, sans nécessairement passer par un AWACS.
Les contre-mesures électroniques sont articulées autour du système ALR-94, qui est un détecteur de menace très efficace ; l’ergonomie du cockpit contribue à soulager le pilote de sa charge de travail, grâce à un collimateur tête haute, quatre écrans multifonctions lui présentant la situation tactique et les données sur la gestion du F-22, ainsi qu’un système de commande et de contrôle vocal.
L’armement du F-22, dans sa configuration standard, comprend un canon fixe rotatif à 7 tubes M- 61 Vulcan de 20 mm (480 obus) et repose sur huit missiles air-air, dont 6 AMI-120 C AMRAAM à moyenne portée et deux AIM-9 M Sidewinder à courte portée ; pour les missions d’attaque au sol, la soute centrale permet l’emport de 2 bombes GBU-32 JDAM de 450 Kg à guidage mixte. Pour le cas où la mission ne nécessite pas de furtivité totale, des points d’emport, au nombre de 4, sont placés sous les ailes du chasseur, pour accueillir aussi bien des munitions que des réservoirs. L’incroyable sophistication du F-22, associée à son système informatique, lui permet de redevenir opérationnel en moins de 20 minutes après son atterrissage (ravitaillement, réarmement et décollage), grâce à un outil de diagnostic, qui signale les problèmes de l’avion au personnel au sol.